Le corridor de Lobito : l’Afrique au cœur de la rivalité sino-américaine pour les minerais critiques


Lecture 3 min.
carte Lobito Angola

Les États-Unis ont accordé le 17 décembre 2025 un prêt de 553 millions de dollars à l’Angola pour moderniser la ligne ferroviaire du corridor de Lobito, un axe stratégique reliant la Copperbelt à l’océan Atlantique. Ce financement renforce la compétition entre Washington et Pékin pour le contrôle des minerais critiques indispensables à la transition énergétique et à l’intelligence artificielle.

Le corridor de Lobito s’impose comme l’un des projets d’infrastructure les plus stratégiques d’Afrique. Long de 1 300 kilomètres, il relie le port angolais de Lobito aux régions minières de la République démocratique du Congo (RDC) et de la Zambie, offrant une sortie atlantique aux immenses gisements de cuivre et de cobalt de la Copperbelt.

Héritée de l’époque coloniale, la ligne de Benguela avait été dévastée par la guerre civile angolaise (1975-2002) avant d’être réhabilitée avec le soutien de la Chine. L’annonce du nouveau prêt américain marque une repruse en main des USA : les États-Unis investissent désormais directement dans ce corridor logistique, avec un financement total de 753 millions de dollars incluant la contribution de la Banque de développement d’Afrique australe (DBSA).

Améliorer fortement le temps de tranport de Kolwezi à Lobito

L’objectif est d’améliorer la capacité, la fiabilité et la vitesse du transport : le trajet entre Kolwezi et Lobito pourrait passer de 40 jours à une dizaine de jours. Cette réhabilitation fait suite à l’engagement pris lors de la visite historique de Joe Biden en Angola en 2024, suivie par la confirmation du projet par l’administration Trump au nom de la sécurité des chaînes d’approvisionnement en minerais critiques.

Le corridor de Lobito est ainsi devenu un outil géoéconomique majeur dans la rivalité sino-américaine. La DFC (agence américaine de financement du développement) y voit un moyen de contrer l’emprise chinoise sur les ressources africaines, alors que Pékin poursuit la modernisation de la ligne Tanzanie-Zambie (Tazara) dans le cadre de ses Nouvelles routes de la soie.

Les minerais transportés, notemment le cobalt, le cuivre et autres matériaux critiques, sont essentiels à la fabrication des batteries, des technologies vertes et des centres de données d’intelligence artificielle. Le corridor pourrait bientôt acheminer jusqu’à 4,6 millions de tonnes de marchandises par an, réduisant les coûts logistiques de 30%.

Piloté par le consortium international Lobito Atlantic Railway (Trafigura, Vecturis et Mota-Engil), le projet vise à relier à terme l’Atlantique à l’océan Indien via la Tanzanie, créant un corridor transcontinental au cœur du développement africain et des stratégies énergétiques mondiales.

Masque Africamaat
Spécialiste de l'actualité d'Afrique Centrale, mais pas uniquement ! Et ne dédaigne pas travailler sur la culture et l'histoire de temps en temps.
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News