
La République du Congo poursuit sa stratégie énergétique avec le démarrage anticipé de la phase 2 de son projet Congo LNG en décembre 2025, six mois plus tôt que prévu. Cette réalisation témoigne de l’émergence du pays comme acteur majeur du secteur des hydrocarbures en Afrique centrale, portée par des investissements massifs et des réformes réglementaires ambitieuses.
Une montée en puissance spectaculaire dans le GNL
Le développement accéléré du secteur gazier congolais impressionne par sa rapidité d’exécution. La phase 2 du projet Congo LNG, achevée en seulement 35 mois, ajoute 2,4 millions de tonnes par an (mtpa) de capacité, portant la production totale à 3 mtpa. Cette expansion comprend trois nouvelles plateformes de production, l’unité Scarabeo 5 pour le traitement du gaz et l’unité flottante Nguya FLNG. Les premières exportations sont attendues début 2026.
Cette performance s’inscrit dans une dynamique plus large. Le pays, devenu exportateur de GNL fin 2023 avec la phase 1, diversifie ses projets gaziers. Le développement Bango Kayo, piloté par Wing Wah, prévoit d’exploiter jusqu’à 30 milliards de mètres cubes de gaz sur un quart de siècle, tout en produisant du GPL, du butane et du propane pour le marché domestique.
L’objectif ambitieux des 500 000 barils par jour
Parallèlement au gaz, le secteur pétrolier connaît une expansion sans précédent. Plusieurs opérateurs internationaux intensifient leurs investissements pour atteindre l’objectif national de production de 500 000 barils par jour.
TotalEnergies mobilise 600 millions de dollars pour développer le champ Moho Nord. Trident Energy, qui a repris les actifs de Chevron en 2024, étend ses opérations. Perenco prépare le lancement de sa plateforme Kombi 2 pour début 2026. L’accord le plus spectaculaire reste celui signé par Wing Wah en septembre 2025 : un contrat de 23 milliards de dollars visant une production cumulée de 1,3 milliard de barils d’ici 2050 sur trois permis.
Un cadre réglementaire modernisé pour attirer les investisseurs
Ces développements s’appuient sur une refonte profonde du cadre législatif. Le ministre des Hydrocarbures, Bruno Jean-Richard Itoua, a annoncé lors de l’African Energy Week 2025 le lancement imminent d’un nouveau code gazier et d’un plan directeur pour le secteur. Un nouveau cycle d’attribution de licences est également prévu, ouvrant des opportunités pour les acteurs internationaux.
Cette modernisation réglementaire vise à offrir plus de clarté et de stabilité aux investisseurs, renforçant l’attractivité du pays dans un contexte de concurrence accrue pour les capitaux internationaux.
Des enjeux régionaux et continentaux
La montée en puissance énergétique du Congo-Brazzaville répond à des besoins croissants en Afrique centrale, où la demande en énergie s’intensifie avec le développement économique. Le pays se positionne comme un fournisseur fiable capable d’honorer ses engagements à l’export tout en répondant aux besoins domestiques.
Pour NJ Ayuk, président de la Chambre africaine de l’énergie, cette transformation illustre ce que peut accomplir la combinaison entre volonté politique et partenariats internationaux. Le succès congolais pourrait inspirer d’autres pays africains à accélérer la monétisation de leurs ressources naturelles.
Perspectives et défis
L’Engagement en Faveur du « Zéro Torchage ». Parallèlement à l’augmentation de la production, le Congo-Brazzaville se positionne comme un pionnier en matière de gestion environnementale de ses ressources gazières. Le pays est signataire de l’initiative mondiale « Zéro Torchage de Routine d’ici 2030 » de la Banque mondiale, traduisant son engagement à éliminer le brûlage du gaz associé à la production pétrolière.Cet objectif est une réalité concrète pour le projet Congo LNG (licence Marine XII), opéré par ENI, qui a été spécifiquement conçu selon le modèle « zéro torchage ».
Ce gaz autrefois gaspillé entrainait des émissions de CO2 et de méthane. Désormais, il est désormais intégralement collecté pour être valorisé sous forme de GNL d’exportation ou utilisé pour la production d’électricité locale. Notamment via des centrales comme celle de Djéno. Un projet de décret pour réglementer le torchage de gaz a été adopté. Enfin, le nouveau code gazier formalisera l’interdiction du torchage de routine pour toutes les nouvelles installations. Ces mesures renforcent la crédibilité du Congo dans la transition énergétique régionale, en démontrant que la monétisation du gaz peut aller de pair avec la réduction de son empreinte carbone.
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Le Congo-Brazzaville mise sur sa position géographique stratégique et ses réserves importantes pour s’imposer durablement comme un pilier énergétique régional. Avec des investissements dépassant les 25 milliards de dollars et une production gazière en pleine expansion, le pays écrit un nouveau chapitre de son histoire économique, positionnant l’Afrique centrale sur la carte mondiale de l’énergie.



