
Du 20 au 23 août 2025, Yokohama accueille la 9e Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique. Dans un contexte géopolitique en mutation, le Japon dévoile son ambition de créer une « zone économique Afrique-Océan Indien » pour contrer l’influence chinoise croissante sur le continent africain.
Le 9e sommet de la Tokyo International Conference on African Development (TICAD) a ouvert ses portes mercredi 20 août 2025 à Yokohama, rassemblant les dirigeants et représentants de près de 50 pays africains ainsi que des officiels d’organisations internationales. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a salué le potentiel du continent africain lors de son allocution d’ouverture.
Une initiative japonaise pour contrer l’influence chinoise
Co-organisée depuis 1993 par le Japon et l’ONU, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale et la Commission de l’Union africaine, la TICAD vise à promouvoir le développement, la paix et la sécurité en Afrique par le renforcement des relations de coopération multilatérales.
Cette année, la conférence a donné l’occasion au Premier ministre japonais Shigeru Ishiba de présenter un ambitieux cadre de coopération économique impliquant gouvernements, industries et experts. L’objectif : promouvoir le libre-échange et connecter la région Indo-Pacifique au continent africain dans un contexte géopolitique marqué par le recul de l’influence américaine et l’essor chinois.

Le Japon espère développer le commerce, soutenir la croissance locale et renforcer sa présence stratégique sur le continent africain à travers cette initiative baptisée « zone économique Afrique-Océan Indien« . Son objectif principal consiste à attirer les entreprises et les investissements japonais vers l’Afrique.
L’ONU salue le potentiel africain
Cette initiative a reçu le soutien des Nations unies par la voix d’António Guterres, qui a décrit l’Afrique comme prête à relever les défis du développement. « Avec la population la plus jeune du monde, des ressources naturelles abondantes et un esprit d’entreprise dynamique, l’Afrique est prête à aller de l’avant« , a-t-il affirmé lors de la séance d’ouverture.
Le Secrétaire général a souligné que ces atouts peuvent contribuer à façonner un monde plus pacifique, plus prospère et plus durable, en Afrique comme ailleurs. Il a insisté sur la nécessité d’accélérer les progrès pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) grâce à l’investissement, aux réformes et aux partenariats.
António Guterres a également réitéré son engagement en faveur de la réforme des institutions de gouvernance mondiale pour qu’elles reflètent les réalités actuelles. « L’Afrique doit avoir une voix plus forte dans l’élaboration des décisions qui affectent son avenir« , a-t-il déclaré, évoquant notamment « la réforme tant attendue du Conseil de sécurité, où, étonnamment, l’Afrique n’a pas de membre permanent et où d’autres régions restent sous-représentées« .
Le chef de l’ONU a également appelé à la refonte de l’architecture financière internationale, qualifiant le système actuel d' »injuste et inéquitable », et réclamé des mesures audacieuses en matière d’allègement de la dette.
L’innovation numérique au service du développement
Guterres a encouragé le Japon à investir dans l’innovation numérique en Afrique, notamment l’intelligence artificielle au service du développement. Il a souligné que le leadership technologique japonais pourrait contribuer à combler la fracture numérique et « garantir que la technologie aide les pays africains à rattraper leur retard, grâce à des infrastructures publiques numériques adéquates, plutôt que d’être laissés pour compte« .
Le Secrétaire général a insisté sur la nécessité d’investir dans les compétences et l’éducation de la jeunesse africaine dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.
« Le développement durable exige une paix durable« , a conclu António Guterres, reprenant l’objectif de l’Union africaine de « faire taire les armes » et de mettre fin à la violence sous toutes ses formes. Il a souligné l’importance de renforcer la cohésion sociale et la stabilité, facteurs susceptibles d’attirer les investissements et les entreprises en Afrique.
Depuis près de trois décennies, la Tokyo International Conference on African Development incarne l’esprit du multilatéralisme fondé sur le respect mutuel, la responsabilité partagée et une foi profonde dans le potentiel africain. De nombreux espoirs et des actes majeurs sont attendus au terme de cette importante rencontre qui se poursuivra jusqu’au 23 août.