La ZLECAf mise sur les Zones Économiques Spéciales avec Tanger Med pour exemple afin d’accélérer l’industrialisation africaine


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La ZLECAF
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Malgré une dette croissante et les défis de l’économie mondiale, l’Afrique s’engage dans une stratégie audacieuse pour transformer ses Zones Économiques Spéciales (ZES) en moteurs clés de l’intégration continentale et de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Réunis à Luanda, les acteurs du secteur ont dessiné une feuille de route axée sur l’harmonisation, la bonne gouvernance et l’investissement dans le capital humain. L’objectif est clair : faire du label « Fabriqué en Afrique » une référence mondiale en misant sur l’exemple de succès comme Tanger Med au Maroc.

Un impératif industriel malgré les turbulences mondiales

L’Afrique ne peut plus attendre que les conditions internationales s’améliorent pour poursuivre son développement. Tel est le message porté lors de la réunion annuelle des zones économiques spéciales africaines qui s’est tenue à Luanda le 27 novembre 2025, dans le cadre symbolique du cinquantième anniversaire de l’indépendance angolaise.

Dans un contexte marqué par le ralentissement économique mondial, la prudence des investisseurs et un coût du financement trois fois supérieur à celui des économies développées, les dirigeants africains affirment leur détermination à accélérer l’industrialisation du continent. « Pour l’Afrique, l’industrialisation n’est pas une option, mais un impératif crucial« , a martelé Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies.

Des success stories qui montrent la voie de l’intégration

Le continent dispose déjà d’exemples concrets démontrant sa capacité à développer des pôles industriels compétitifs. Le complexe portuaire Tanger Med au Maroc illustre cette réussite : en moins de deux décennies, il a connecté plus de 1 200 entreprises aux chaînes de valeur mondiales, générant huit milliards de dollars d’exportations annuelles et créant 100 000 emplois directs.

De la zone industrielle orientale éthiopienne à la plateforme de Lekki au Nigeria, en passant par le pôle de Luanda-Bengo en Angola, ces réalisations prouvent que l’Afrique peut concevoir et exploiter des écosystèmes industriels de niveau mondial. La clé réside dans la combinaison d’infrastructures adéquates, d’une gouvernance fiable et de politiques publiques stables.

Transformer les ZES en écosystèmes d’innovation pour la ZLECAf

L’ambition affichée dépasse désormais le simple modèle d’enclaves de production. Les zones économiques spéciales doivent évoluer vers de véritables écosystèmes d’innovation et de transformation, intégrés aux chaînes de valeur continentales. Cette mutation s’inscrit dans la dynamique de la ZLECAf qui identifie 94 chaînes de valeur régionales prometteuses dans l’agroalimentaire, les produits pharmaceutiques, l’automobile, la valorisation des minéraux et les services numériques.

« Il n’est pas normal que l’Afrique exporte des matières premières pour ensuite réimporter des produits finis. Pourquoi ne pas transformer, assembler, conditionner et innover ici même, chez nous ?« , s’interroge Claver Gatete, plaidant pour que le label « Fabriqué en Afrique » devienne une norme d’excellence reconnue mondialement.

Trois priorités stratégiques pour réussir l’industrialisation

La feuille de route définie à Luanda s’articule autour de trois axes majeurs. D’abord, l’harmonisation des stratégies relatives aux zones économiques spéciales avec le cadre de la ZLECAf pour créer de véritables corridors continentaux de production. La Commission économique pour l’Afrique finalise actuellement une étude continentale sur les normes et standards de réussite, menée avec la Banque africaine d’import-export et l’AUDA-NEPAD.

Ensuite, l’amélioration de la gouvernance et la simplification réglementaire s’imposent pour réduire les risques d’investissement. Les zones africaines sont désormais en compétition directe avec les écosystèmes industriels d’Asie du Sud-Est, d’Amérique latine et du Moyen-Orient. Elles doivent offrir efficacité, transparence et continuité pour attirer les capitaux à long terme.

Enfin, l’investissement dans le capital humain constitue le troisième pilier. Le renforcement des compétences, notamment numériques, et le développement de programmes de formation pour les jeunes, les PME et les entrepreneurs locaux représentent l’avantage concurrentiel décisif du continent.

Un momentum historique à saisir pour l’Afrique

Cette réunion de Luanda conjugue intégration régionale, amélioration de la gouvernance et investissement dans les compétences. Ainsi; les zones économiques spéciales peuvent devenir les catalyseurs d’une transformation économique profonde.

L’enjeu est de positionner l’Afrique comme un acteur majeur des chaînes de valeur mondiales, capable de créer des emplois massifs pour sa jeunesse et de générer une prospérité partagée. Avec la ZLECAf comme levier et les zones économiques spéciales comme points d’ancrage, le continent dispose désormais des outils pour accélérer son industrialisation malgré les turbulences mondiales.

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Fred Krock est un journaliste centrafricain reconnu pour son engagement dans la couverture de l'actualité africaine, notamment à travers ses contributions sur Afrik.com. Fred Krock est aussi directeur de la Radio Lengo Songo à Bangui, en République centrafricaine.
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