
La Côte d’Ivoire consolide sa place parmi les leaders de l’industrie aurifère africaine. Le 16 juin 2025, la société minière australienne Resolute Mining a annoncé la découverte d’un nouveau gisement d’or de classe mondiale dans le département de Doropo, à la frontière du Burkina Faso.
Estimée à plus de 100 tonnes d’or, cette mine devrait générer 300 milliards de francs CFA d’investissement et créer près de 3 000 emplois directs. Dans une région marquée par la pauvreté et l’orpaillage illégal, l’annonce résonne comme un véritable souffle d’espoir.
Un projet minier aux retombées majeures pour le nord-est ivoirien
Le projet Doropo, dont la construction commencera début 2026 pour une mise en production attendue deux ans plus tard, est l’un des plus ambitieux du pays. La société Resolute Mining prévoit d’y consacrer 450 millions d’euros, soit environ 300 milliards de francs CFA, pour une exploitation qui devrait durer plus de vingt ans. La première phase à elle seule devrait rapporter l’équivalent de 300 milliards de francs CFA en recettes fiscales à l’État ivoirien.
Au-delà des chiffres, cette future mine représente une bouée de sauvetage pour le département de Doropo, dans la région du Bounkani, l’une des plus pauvres de Côte d’Ivoire. En 2021, 71 % des habitants y vivaient avec moins de 1 000 francs CFA par jour. La perspective de milliers d’emplois, la construction d’infrastructures et le développement des services publics nourrissent les espoirs d’une transformation socio-économique en profondeur. Pour les autorités locales, ce projet pourrait même être un rempart contre l’extrémisme violent dans cette zone frontalière fragile.
La Côte d’Ivoire s’impose sur l’échiquier aurifère africain
La découverte de Doropo s’inscrit dans une dynamique plus large : celle d’un pays en pleine ascension dans le secteur minier. Avec 55 tonnes d’or produites en 2023 et pas moins de 189 permis de recherche délivrés, la Côte d’Ivoire devient une destination stratégique pour les grands groupes miniers.
En quelques mois à peine, le pays a révélé trois gisements classés « de classe mondiale » : Koné, Tanda et désormais Doropo. Les deux premiers projets, portés respectivement par Montage Gold et Endeavour Mining, affichent chacun une capacité de production estimée à plus de 150 tonnes d’or. Avec ces réserves combinées, la Côte d’Ivoire ambitionne de figurer parmi les cinq premiers producteurs d’or d’Afrique, aux côtés du Ghana, de l’Afrique du Sud, du Mali et du Burkina Faso. Resolute Mining mise gros sur la Côte d’Ivoire
L’enthousiasme de Resolute Mining pour la Côte d’Ivoire ne s’arrête pas à Doropo. Le groupe australo-britannique, déjà actif au Mali et au Sénégal, a récemment acquis deux projets aurifères, Doropo et ABC, auprès d’AngloGold Ashanti pour près de 107 milliards FCFA. La compagnie prévoit d’investir 120 milliards FCFA supplémentaires dans de futures explorations en territoire ivoirien.
Grâce à un environnement réglementaire attractif et des réformes saluées par les opérateurs internationaux, le pays se hisse désormais au rang de destination prioritaire pour les investissements miniers. Resolute espère dépasser les 500 000 onces d’or produites annuellement, renforçant sa stature de leader régional.
Un espoir, mais aussi des défis à relever
Si l’annonce de Doropo suscite une vague d’optimisme, certaines voix appellent à la vigilance. Une ONG locale insiste sur la nécessité de respecter les droits des communautés locales, de dédommager les propriétaires terriens et de garantir la préservation de l’environnement. La question de l’orpaillage illégal, véritable fléau dans la région, devra également être abordée de manière structurelle pour éviter les tensions.
À l’heure où la Côte d’Ivoire renforce sa place sur la carte aurifère du continent, le défi sera de conjuguer exploitation des ressources et développement équitable. La mine de Doropo pourrait en être l’exemple emblématique, pourvu que promesses et pratiques soient au rendez-vous.