
Les pays de la Confédération des États du Sahel sont en route vers leur autonomie financière. Après trois jours de travaux techniques à Niamey, les ministres valident les derniers dispositifs de la Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement, institution stratégique dotée d’un capital initial de 500 milliards de francs CFA.
Afin d’élargir leur partenariat stratégique, les pays membres de la Confédération des États du Sahel multiplient les initiatives dans des secteurs clés de leurs États tels que la diplomatie, la défense et le développement. C’est dans le cadre de la dynamisation des actions prioritaires du pilier développement que des experts financiers de l’AES se sont réunis à Niamey du 21 au 23 juillet 2025 pour plancher sur l’opérationnalisation de la Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement (BCID-AES).
Le ministre délégué auprès du Premier ministre, ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget, M. Mamane Sidi, a présidé la cérémonie d’ouverture de ces importants travaux.
Cette réunion d’experts s’est tenue en prélude à celle des ministres qui se déroule du 24 au 25 juillet à Niamey. Au cours de ces trois jours de travaux, les délégations du Niger, du Mali et du Burkina Faso ont examiné toutes les questions d’intérêt stratégique pour la confédération.
Officialisée le 13 mars 2025 par les chefs d’État des trois pays, la BCID-AES est dotée d’un capital initial de 500 milliards de francs CFA. Cette initiative constitue, de l’avis de ces spécialistes financiers, un pas décisif dans la marche de l’AES pour rendre effective la concrétisation d’un outil de financement propre, au service des priorités régionales.
Une banque au service des priorités sahéliennes
« La BCID-AES ne doit pas être une banque comme les autres, mais un véritable instrument au service des populations et garantir une meilleure gestion économique financière des pays membres », avait déclaré le ministre malien de l’Économie et des Finances, M. Alousseni Sanou, lors de l’ouverture des travaux ministériels. Cette institution incarne l’ambition politique des trois États de la confédération qui visent l’autonomie financière tout en mutualisant les ressources pour un développement inclusif, endogène et durable.
« La banque permettra de financer les priorités souveraines des trois pays notamment dans les secteurs des infrastructures, l’énergie, l’agriculture et la transformation industrielle », a précisé le ministre malien, soulignant l’objectif de « réduire notre dépendance vis-à-vis des financements extérieurs, positionner et renforcer notre autonomie économique et financière et mobiliser l’épargne locale pour financer nos investissements structurants ».
Procédant à l’ouverture officielle des travaux mardi 22 juillet, le ministre délégué en charge du Budget s’est réjoui des progrès enregistrés depuis la signature à Niamey, le 6 juillet 2024, du traité portant création de la Confédération des États du Sahel. Il a rappelé que lors de la dernière réunion des ministres en charge de l’Économie et des Finances des États membres de l’Alliance des États du Sahel, tenue le 25 mai 2025 à Bamako, des avancées majeures ont été enregistrées dans le cadre de l’opérationnalisation de la BCID-AES. « Les conclusions de ladite rencontre ont ainsi permis de valider le projet de texte portant création de la BCID-AES, ainsi que la feuille de route afférente à sa mise en œuvre », a-t-il précisé.
Un financement autonome grâce au prélèvement confédéral
Parallèlement à la création de la BCID-AES, les chefs d’État de l’AES ont instauré le 28 mars 2025 un « Prélèvement Confédéral » de 0,5% sur les importations en provenance de pays extérieurs à leur confédération. Cette mesure vise à doter l’organisation d’un financement pérenne et autonome. Les fonds collectés financeront notamment les projets communs d’intégration, les actions de solidarité, les dépenses de fonctionnement de l’AES et la participation au capital de la future Banque Confédérale d’Investissement et de Développement.
Selon une source bien informée au sein de la délégation burkinabè, « cette taxe douanière est la base de notre quête d’autonomie financière. Elle nous permettra de nous affranchir progressivement des conditionnalités imposées par les institutions financières internationales ».
La réunion des ministres, qui s’est tenue depuis jeudi à Niamey, a examiné et donné son avis sur les projets de documents élaborés, notamment les projets de termes de référence relatifs à l’élaboration des documents juridiques de la Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement en cours de création, la politique de manuels de procédure et de système d’information de la BCID-AES, ainsi que son plan stratégique 2026-2030. L’objectif global est de disposer d’un plan stratégique assorti de ses annexes.
Forts de quelque 78 millions d’habitants, les trois pays entendent transformer cette alliance en levier de développement endogène et de souveraineté retrouvée. Au terme de ces rencontres, les ministres ont validé les actions prioritaires nécessaires à l’opérationnalisation de la BCID-AES avant la fin de l’année 2025, marquant ainsi une nouvelle étape dans la construction institutionnelle du bloc sahélien.