
Le 1er septembre est une date importante pour la Mauritanie et pour l’ensemble du continent africain. Sidi Ould Tah, élu en mai dernier avec plus de 76 % des voix, vient de prendre officiellement ses fonctions à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD). À 60 ans, il devient le premier Mauritanien à occuper ce poste prestigieux et succède au Nigérian Akinwumi Adesina.
Son arrivée symbolise non seulement une victoire diplomatique pour son pays, mais aussi le début d’une nouvelle étape pour la première institution financière du continent.
Un parcours forgé entre diplomatie et finance
Économiste et diplomate chevronné, Sidi Ould Tah n’est pas un inconnu dans les cercles financiers. Ministre de l’Économie en Mauritanie, puis directeur général de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) de 2015 à 2025, il a su imposer son leadership en modernisant l’institution et en augmentant son capital de 5 à 20 milliards de dollars en un temps record. Cette réussite, alliée à son réseau diplomatique solide auprès des pays arabes, africains et asiatiques, a facilité son élection.
Des ambitions colossales pour la BAD
Désormais à la tête de la principale banque de développement du continent, Ould Tah affiche un programme ambitieux. Il souhaite mobiliser jusqu’à 400 milliards de dollars par an pour financer les infrastructures africaines. Son désir également de placer la jeunesse au cœur de ses priorités. L’emploi, l’innovation et le soutien massif aux PME figurent au premier plan de sa stratégie. Son objectif est de transformer la croissance démographique africaine en véritable dividende économique.
Pour lui, l’Afrique doit accélérer son industrialisation et développer la transformation locale de ses matières premières, afin de réduire la dépendance aux exportations brutes.
Des défis immédiats et pressants
Mais le chemin ne sera pas sans embûches. Le retrait annoncé de 555 millions de dollars d’aide américaine au Fonds africain de développement pèse déjà lourdement sur les ressources destinées aux pays les plus vulnérables. La reconstitution de ce fonds, considérée comme le chantier le plus urgent, devra être bouclée d’ici décembre. Diversification des financements, mobilisation des ressources domestiques et consolidation de la résilience fiscale seront des épreuves de taille pour le nouveau président.
Les 100 premiers jours, un test décisif
Conscient des attentes immenses qui reposent sur lui, Sidi Ould Tah consacre ses cent premiers jours à une vaste concertation, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la BAD. L’objectif est clair : faire de l’institution le chef de file incontesté des acteurs financiers africains, capable de défendre les intérêts du continent dans un contexte mondial de plus en plus incertain.
En prenant la tête de la BAD, Sidi Ould Tah s’installe au cœur de la gouvernance économique africaine. Entre promesses et obstacles, son mandat s’annonce comme un moment charnière pour l’avenir financier et industriel de l’Afrique.