
Face à la montée de la violence d’État au Kenya, l’Unité internationale des travailleuses et des travailleurs — Quatrième Internationale (UIT-QI) a publié un communiqué cinglant le 10 juillet 2025, condamnant fermement la répression brutale orchestrée par le gouvernement de William Ruto contre les manifestants.
L’organisation internationale dénonce un véritable bain de sang : « Selon la Commission nationale des droits de l’homme du Kenya (KNCHR), dix personnes ont trouvé la mort, vingt-neuf ont été blessées, deux ont été enlevées et trente-sept ont été arrêtées dans dix-sept des 47 comtés du pays » lors des manifestations du 7 juillet, journée commémorative du Saba Saba.
Cette répression s’inscrit dans une escalade de violence qui a déjà fait 31 morts depuis juin 2025, selon le décompte de l’UIT-QI. L’organisation souligne avec force que « depuis l’indépendance du Kenya, les capitalistes et leurs gouvernements pro-impérialistes noient le peuple travailleur dans la misère et la répression. »
L’affaire Albert Ojwang : le détonateur de la colère populaire
L’UIT-QI met en lumière l’assassinat du jeune professeur et blogueur Albert Ojwang comme élément déclencheur de cette nouvelle vague de protestations. Le communiqué relate les circonstances tragiques de sa mort : « Il saignait du nez et avait le torse et le visage contusionnés. De plus, il était torse nu, ce qui n’était pas le cas lorsque je l’ai remis à la police, samedi. Mon fils est mort comme un animal« , témoigne le père de la victime, cité dans le document.
L’organisation souligne que « Justice pour Albert Ojwang » est devenu l’un des principaux slogans des manifestations du 26 juin, qui se sont soldées par seize morts et quatre cents blessés selon Amnesty International.
Une crise sociale profonde
L’UIT-QI dresse un tableau alarmant de la situation socio-économique du Kenya. Le communiqué révèle que « 15,3 millions de Kényans, soit 80 % des salariés, vivront avec un salaire inférieur au seuil de pauvreté » et que « moins de 0,1 % de la population (8 300 personnes) possède plus de richesses que les 99,9 % les plus pauvres (soit plus de 44 millions de personnes). »
La jeunesse est particulièrement touchée : « 80 % de la population a moins de 35 ans, que le taux de chômage atteint près de 49 % et que les 800 000 jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail ne trouvent pas d’emploi« , dénonce l’organisation.
Une déclaration de guerre contre le peuple
L’UIT-QI rapporte avec indignation les propos du président Ruto qui, le 9 juillet, a littéralement déclaré la guerre aux manifestants : « Ne les tuez pas, mais assurez-vous de leur briser les jambes« , aurait-il ordonné aux forces de l’ordre.
Cette brutalité s’inscrit dans un contexte de soumission aux politiques du FMI et de l’impérialisme, selon l’analyse de l’UIT-QI qui affirme que « William Ruto est l’ennemi de tous les peuples exploités et opprimés du monde » et qu’il « se présente comme le meilleur élève de l’impérialisme de Donald Trump dans la région. »
Un appel à la solidarité internationale
L’UIT-QI conclut son communiqué par un vibrant appel à la mobilisation : « Les organisations démocratiques, de défense des droits de l’homme, sociales, politiques et de jeunesse doivent soutenir la juste mobilisation du peuple kényan contre le gouvernement criminel. »
L’organisation formule des revendications claires :
- « Nous exigeons justice pour Albert Ojwang, les 31 personnes assassinées et les centaines de blessés«
- « Nous exigeons la libération immédiate des militantes et militants sociaux emprisonnés«
- « Assez de la faim, rompons avec le FMI ! Assez de la répression !«
Le communiqué se termine par un appel révolutionnaire : « À bas William Ruto, l’assassin, et ses complices ! Que les travailleurs gouvernent !« , réaffirmant ainsi la position radicale de l’UIT-QI face à la crise kényane.
Cette prise de position de l’Unité internationale des travailleuses et des travailleurs témoigne de l’urgence de la situation au Kenya et de la nécessité d’une solidarité internationale face à la répression sanglante qui s’abat sur le peuple kényan en lutte pour sa dignité et ses droits fondamentaux.