L’Egypte passe sous tutelle financière des Emirats arabes unis


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Dollars
Des dollars (illustration)

L’Égypte et les Émirats arabes unis ont scellé, vendredi, un accord historique de partenariat d’investissement, s’élevant à 35 milliards de dollars. Cette manne financière, injectée par les Émirats, vise à stimuler l’économie égyptienne et à soutenir sa croissance future. Mais quels engagements a pris le Maréchal Sissi en contrepartie ?

L’Égypte traverse une période économique difficile marquée par une inflation galopante et une dette publique conséquente. Le pays a besoin d’afflux de capitaux étrangers pour redynamiser son économie. Une opportunité en or pour les Émirats arabes unis qui croulent sous les pétrodollars et cherchent à développer leur influence.

L’accord, paraphé par le Premier ministre égyptien Moustafa Madbouli et le ministre d’État émirati aux Affaires financières, Mohamed Hadi Al Hussaini, s’articule autour de plusieurs projets phares. Parmi ceux-ci, figurent le développement de la zone économique du Canal de Suez, la création d’une nouvelle ville administrative à l’ouest du Caire et la construction d’un complexe touristique intégré à Ras al-Hikma, sur la côte méditerranéenne.

Un coup de pouce bienvenu pour l’Égypte

Ces investissements colossaux devraient générer des milliers d’emplois, stimuler la croissance du PIB et contribuer à la diversification des sources de revenus du pays. En outre, ils permettront de moderniser les infrastructures et d’améliorer la compétitivité de l’Égypte sur la scène internationale.

L’annonce de ces investissements massifs envoie aussi un signal fort à la communauté internationale. Ce soutien financier contribuera à rassurer les marchés et à encourager d’autres pays à investir en Égypte.

Contexte économique de l’Égypte

L’Égypte, avec sa population croissante et sa position stratégique en tant que pont entre l’Afrique et le Moyen-Orient, joue un rôle crucial dans l’économie régionale. Toutefois, le pays lutte contre une inflation galopante et une dette publique qui freinent son développement économique. La pandémie de Covid-19 a exacerbé ces problèmes, entraînant une baisse significative des revenus du tourisme, un secteur vital pour l’économie nationale. Dans ce contexte, l’investissement des Émirats arabes unis est perçu comme une bouée de sauvetage, promettant non seulement de stimuler l’économie mais aussi d’améliorer les infrastructures et de créer des opportunités d’emploi.

L’accord comprend plusieurs projets d’envergure, dont le développement de la zone économique du Canal de Suez, la construction d’une nouvelle ville administrative près du Caire et la création d’un complexe touristique à Ras al-Hikma. Ces projets visent à moderniser l’économie égyptienne en améliorant ses infrastructures et en diversifiant ses sources de revenus. Le développement de la zone économique du Canal de Suez, par exemple, est destiné à renforcer la position de l’Égypte en tant que hub logistique mondial, tandis que la nouvelle ville administrative vise à décongestionner le Caire et à offrir un cadre de vie amélioré à ses habitants.

Implications stratégiques et politiques

La réaction internationale a été largement positive, voyant dans cet accord un facteur de stabilisation pour la région. Pourtant, malgré son potentiel transformateur, cet accord soulève des questions. Les défis comprennent la nécessité d’une gouvernance transparente et efficace pour gérer les fonds investis, ce que le Maréchal Sissi, qui vient de s’octroyer un troisième mandat, est loin de pouvoir assurer. Enfin, les critiques soulignent également le risque de dépendance accrue vis-à-vis des investissements étrangers et les implications de tels partenariats sur la souveraineté économique et politique de l’Égypte. En effet, on peut aisément imaginer que les Émirats arables unis pèsent désormais sur certaines décisions politiques égyptiennes. Notamment au Moyen-Orient, dans le cadre de la suite du conflit entre Israël et le Hamas.

Mais c’est surtout sur la guerre civile au Soudan que cet accord peut avoir un impact. En effet, jusqu’à aujourd’hui, Abdel Fattah al-Burhane était soutenu par l’Égypte et les États-Unis  alors que son rival Hemedti et les miliciens des FSR sont soutenus par les Émirats arabes unis. En décembre 2022, ces derniers ont signé un accord de 6 milliards de dollars pour développer un port au nord de Port-Soudan, sur le littoral de la mer Rouge. Les évolutions sur le Canal de Suez ne seront pas sans effet sur cet investissement. Des évolutions d’alliances sont donc à prévoir de l’autre côté de la frontière.

Masque Africamaat
Kofi Ndale, un nom qui évoque la richesse des traditions africaines. Spécialiste de l'histoire et l'économie de l'Afrique sub-saharienne
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