L’armée camerounaise en période électorale : entre réserve, mutisme et absence de parti pris de rigueur


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Soldats camerounais
Des soldats camerounais

À 48 heures de l’élection présidentielle camerounaise, alors que plusieurs pays d’Afrique subsaharienne ont connu des prises de pouvoir militaires, l’armée camerounaise se distingue par son impartialité et sa neutralité politique. Dans un contexte régional marqué par l’instabilité, les forces armées camerounaises incarnent une institution respectueuse du processus démocratique et garante de la souveraineté populaire.

Rendu à 48 heures de l’élection présidentielle au Cameroun, et au regard de la situation politique de ces dernières années dans les pays d’Afrique subsahariens où l’on a vu des militaires s’emparer du pouvoir exécutif d’une façon violente ou douce, il est intéressant de noter que l’armée camerounaise brille par son exemplarité dans cette région où le Gabon voisin, le Tchad et la Guinée Équatoriale sont dirigés par des anciens militaires.

Une tradition d’impartialité et de neutralité politique

Si leur présence sur l’étendue du territoire camerounais se fait ressentir à travers des combats malgré les pertes en vies humaines de civils et parfois de soldats, l’armée camerounaise obtient la première note lorsqu’il s’agit d’impartialité lors des élections au Cameroun. Les soldats de l’armée camerounaise savent tenir secrètes leurs convictions idéologiques personnelles tout en assurant équitablement la sécurité de tous les citoyens, une attitude comportementale qui induit une abnégation et un altruisme propres au soldat et aux enseignements donnés aux soldats camerounais dans leurs rapports et échanges quotidiens avec les civils camerounais.

Ce mutisme et cette absence de parti pris sont davantage de rigueur tant l’élection présidentielle est une période cruciale dans la vie de tous les Camerounais. Elle est précédée de la campagne électorale, un moment qui permettra aux citoyens d’affermir leurs convictions envers l’un ou l’autre candidat en fonction de leurs aspirations et de leurs couleurs politiques, leur permettant de faire un choix lors du scrutin du 12 octobre prochain en toute liberté et dans l’exercice de leur souveraineté. Et enfin d’élire leur prochain dirigeant pour les sept prochaines années.

L’échéance, comme on l’a vu ces derniers jours, a donné lieu à une véritable foire d’expressions où les prétendants à la magistrature suprême rivalisent d’astuces, de stratégies et de stratagèmes pour s’octroyer les faveurs d’un électorat qui sera le seul juge de ce moment. Depuis quelques jours, à travers les caravanes des différents candidats, se croisent des visions, des engagements et des visions d’engagements pour les prochaines années au Cameroun.

Le citoyen-soldat : une réserve exemplaire au service de la République

En tant que citoyen à part entière, porteur lui aussi d’aspirations de mieux-être, le soldat ne saurait rester insensible aux messages de la concurrence des professions de foi, sauf qu’à la différence de ses concitoyens qui, eux, peuvent à loisir exprimer publiquement et décliner leurs préférences, le soldat camerounais va devoir attendre le secret de l’isoloir pour effectuer son choix en faveur d’un candidat, et cela a toujours été ainsi depuis des années. Avant, pendant et même après le vote, ce moment de détermination personnelle, le soldat camerounais, en quelque lieu qu’il se trouve et quelles que soient les circonstances, a toujours fait montre de la plus grande réserve au risque de mettre en péril l’autorité et la légitimité de l’institution républicaine dont il arbore les attributs de puissance.

Le qualificatif de « Grande Muette » adossé à l’armée camerounaise découle en effet du fait que cette institution ne prend jamais parti pour aucun parti, si ce n’est celui de la Constitution, la loi fondamentale qui consacre de manière irrévocable la souveraineté du peuple dans le choix de sa destinée.

Rendu à 48 heures de l’élection présidentielle et après une longue période de campagne où l’on a vu s’entremêler toutes sortes de déclarations et de promesses mesurées pour d’aucuns et outrancières pour d’autres, le citoyen-soldat camerounais a su, comme à son habitude, ignorer les appels enchanteurs, les provocations et les incitations, pour se focaliser sur sa seule mission qui est d’assurer en tous temps, en toutes circonstances et en tous lieux l’intégrité du territoire national, de même que la sécurité des personnes et des biens.

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Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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