
Le 14 avril 2025, Alger était le théâtre du lancement officiel de la nouvelle phase du programme Taqathy+. Cette initiative ambitieuse, dotée d’une enveloppe totale de 28 millions d’euros, dont 13 millions financés par l’Allemagne, s’inscrit dans la feuille de route 2022-2029 de la transition énergétique nationale. Un mois après cette annonce, les premiers résultats et perspectives méritent d’être analysés en profondeur.
De la cérémonie aux actions concrètes : une mise en œuvre méthodique
La transition entre l’événement protocolaire de signature et le début effectif des opérations s’est faite sans délai. Dès la fin avril, un comité de pilotage tripartite a été constitué, réunissant des représentants du ministère algérien de l’Énergie, de la Délégation de l’Union européenne et de la GIZ Algérie. La première réunion technique, tenue le 22 avril à Alger, a permis d’établir clairement la structure de gouvernance du programme.
Plus concrètement encore, les cahiers des charges pour les appels d’offres ont été validés dans trois domaines stratégiques : les études de faisabilité, la cartographie des sites potentiels et la formulation des premières unités pilotes dédiées à l’hydrogène vert.
L’importance sous-estimée de la préparation logistique et administrative
Les coulisses du projet témoignent d’une activité intense mais peu visible du grand public. La constitution des équipes opérationnelles est désormais complète, intégrant des bureaux d’études énergétiques, des experts spécialisés en hydrogène et des consultants juridiques prêts à accompagner chaque phase du déploiement.
Parallèlement, les procédures d’acquisition des équipements techniques essentiels sont en cours, notamment pour les anémomètres, capteurs solaires et stations de suivi de réseau qui fourniront les données indispensables au dimensionnement optimal des futures installations. Cette phase préparatoire, souvent négligée dans les communications, représente pourtant le socle fondamental garantissant la réussite technique et financière de l’ensemble du programme.
Comprendre le temps de l’action : une nécessaire maturation
Pour un observateur non averti, un mois peut sembler une période insuffisante pour constater l’émergence des premières infrastructures visibles. Cependant, dans le contexte spécifique de la transition énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique, ce temps d’élaboration est crucial. Il permet d’assurer une conformité rigoureuse avec les normes environnementales tout en impliquant dès les prémices du projet les autorités locales et les communautés riveraines, garantissant ainsi une meilleure acceptabilité sociale.
Cette période initiale autorise également une planification minutieuse du phasage des différents chantiers, réduisant significativement les risques d’interruption de service et de dépassements budgétaires. Enfin, elle permet d’initier les programmes de formation des futurs techniciens et ingénieurs spécialisés en énergies renouvelables, compétences indispensables à la pérennité du dispositif.
Des résultats tangibles malgré le court délai
Malgré cette brève période, plusieurs indicateurs témoignent déjà de l’efficacité de la démarche engagée. Deux régions stratégiques ont été identifiées pour accueillir les premières études détaillées : l’ouest algérien, notamment la région d’Oran, a été sélectionné pour développer un projet combinant énergie solaire et production d’hydrogène, tandis que le sud du pays, particulièrement la zone de Ghardaïa, accueillera une installation exploitant un mix solaire-éolien adapté aux conditions climatiques locales.
Sur le terrain, les premières campagnes topographiques débutent cette semaine avec l’installation d’anémomètres et de capteurs photovoltaïques légers qui fourniront les données essentielles pour finaliser la conception des installations. Le volet sociétal n’est pas en reste, puisque plus de quinze ateliers de sensibilisation réunissant organisations non gouvernementales, universités et opérateurs privés sont programmés d’ici fin juin pour co-construire les modalités d’intégration sociale et économique du projet dans les territoires concernés.
Perspectives et enjeux pour les prochaines étapes
L’ambition de Taqathy+ est considérable : porter à 30% la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique algérien et développer un véritable pôle d’excellence dans le domaine de l’hydrogène vert d’ici 2030. Pour atteindre ces objectifs dans les délais impartis, plusieurs défis devront être relevés.
- L’accélération des procédures d’appels d’offres et l’élimination des derniers obstacles administratifs au financement constituent une priorité absolue.
- Le renforcement des compétences locales représente également un axe majeur, avec la nécessité de mobiliser les écoles d’ingénieurs algériennes pour développer des cursus spécialisés répondant aux besoins spécifiques de cette nouvelle industrie.
- Enfin, la consolidation des partenariats public-privé, notamment avec les acteurs européens désireux de participer aux chaînes de valeur émergentes, conditionnera la capacité du programme à générer un écosystème industriel complet et autonome.
À mi-chemin entre l’ambition méditerranéenne de coopération énergétique et les exigences opérationnelles d’un projet industriel complexe, le programme Taqathy+confirme qu’une transition énergétique réussie repose d’abord sur une préparation rigoureuse. Les fondations sont désormais en place pour une montée en puissance vers un nouveau modèle énergétique pour l’Algérie.