
La capitale guinéenne accueille à partir de ce mercredi 12 novembre un événement majeur pour le continent africain. Le Sommet sur l’Intelligence Artificielle, qui réunira pendant trois jours décideurs politiques, entrepreneurs et experts technologiques, ambitionne de définir une stratégie africaine autonome face aux défis et opportunités de l’IA.
Conakry s’apprête à devenir, le temps d’une semaine, l’épicentre de la réflexion africaine sur l’intelligence artificielle. Ce mercredi 12 novembre s’ouvre dans la capitale guinéenne un sommet continental essentiel dans l’approche du continent vis-à-vis des technologies émergentes. L’événement, qui se tiendra jusqu’au vendredi 14 novembre au Palais du Peuple, rassemble une constellation d’acteurs déterminés à ce que l’Afrique ne soit plus simple spectatrice de la révolution technologique en cours.
La Guinée, sous l’impulsion du gouvernement de transition, a su mobiliser l’Union Africaine et plusieurs partenaires internationaux pour organiser cette rencontre d’envergure. Plus de 500 participants venus de 45 pays africains ont confirmé leur présence, auxquels s’ajoutent des représentants d’entreprises technologiques mondiales et d’organisations internationales. Le choix de Conakry n’est pas anodin : le pays ouest-africain, riche en ressources minières essentielles à l’industrie technologique mondiale, entend se positionner comme un acteur clé de la chaîne de valeur numérique africaine. En outre, l’ouverture de ce sommet intervient au lendemain de l’inauguration officielle du mégaprojet minier de Simandou.
La souveraineté numérique au coeur des débats
L’agenda du sommet révèle l’ampleur des ambitions portées par ses organisateurs. Les discussions s’articuleront autour de quatre axes majeurs : le développement d’une IA adaptée aux réalités africaines, la formation des talents locaux, la création d’un cadre réglementaire continental harmonisé, et l’établissement de partenariats équitables avec les géants technologiques mondiaux. La question de la souveraineté numérique, particulièrement sensible, sera au cœur des débats. Comment l’Afrique peut-elle développer ses propres capacités en IA sans reproduire les dépendances technologiques du passé ?
Les enjeux économiques sont considérables. Selon les projections de la Banque Africaine de Développement présentées en avant-première, l’IA pourrait contribuer à hauteur de 1 500 milliards de dollars au PIB africain d’ici 2030, à condition que le continent dispose des infrastructures et des compétences nécessaires. Des secteurs comme l’agriculture, la santé, l’éducation et les services financiers pourraient connaître des transformations radicales grâce à des solutions d’IA conçues spécifiquement pour répondre aux défis africains.
Des success stories africaines
Le sommet mettra également en lumière des success stories africaines encore méconnues. Des startups kenyanes utilisant l’IA pour prédire les épidémies, des entreprises nigérianes développant des algorithmes de crédit adaptés aux économies informelles, ou encore des initiatives sud-africaines d’automatisation agricole seront présentées comme autant de preuves que l’innovation africaine en IA est déjà une réalité tangible.
La dimension éthique occupera une place centrale dans les discussions. Les participants devront se pencher sur la conception d’une « IA africaine » respectueuse des valeurs culturelles du continent, tout en garantissant la protection des données personnelles dans un contexte où les cadres juridiques restent embryonnaires dans de nombreux pays. La question des biais algorithmiques est particulièrement prégnante pour des populations historiquement sous-représentées dans les données d’entraînement des modèles d’IA. Ainsi ce point sera abordée de front.
L’initiative de Conakry intervient à un moment crucial. Alors que l’Europe, les États-Unis et la Chine s’affrontent pour le leadership mondial en IA, l’Afrique refuse d’être reléguée au rang de simple marché consommateur. Le sommet devrait aboutir à l’adoption d’une « Déclaration de Conakry« , document fondateur définissant les principes directeurs d’une stratégie africaine commune en matière d’IA. Le pari de Conakry est ambitieux : transformer l’Afrique de consommatrice en productrice de technologies d’intelligence artificielle, et faire du continent un laboratoire d’innovation pour un développement technologique inclusif et durable.




