
Le plus grand sommet africain sur le financement des infrastructures se tiendra fin octobre en Angola, dans un contexte où le continent fait face à un déficit de financement dépassant les 100 milliards de dollars annuels.
Du 28 au 31 octobre 2025, Luanda sera l’épicentre des discussions sur l’avenir infrastructurel de l’Afrique. Organisé conjointement par l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD), la Commission de l’Union africaine et le gouvernement angolais, ce sommet s’annonce comme un rendez-vous déterminant pour le développement du continent.
Un défi colossal à relever
L’ampleur du défi est considérable : avec un déficit annuel de financement des infrastructures dépassant 100 milliards de dollars, l’Afrique peine à combler ses besoins essentiels. Plus préoccupant encore, la mise en œuvre du Plan directeur continental pour les systèmes électriques (CMP) nécessitera à elle seule 1 300 milliards de dollars d’ici 2040 pour créer un marché unique de l’électricité africaine.
Ces chiffres prennent une dimension humaine dramatique lorsqu’on considère que plus de 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité. Cette situation freine non seulement le développement économique, mais limite également l’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux opportunités d’emploi pour une grande partie de la population continentale.
L’Angola en première ligne
L’Angola, sous la présidence de João Manuel Gonçalves Lourenço, occupe actuellement la présidence tournante de l’Union africaine et a placé le financement des infrastructures au cœur de ses priorités continentales. Cette position stratégique du pays, riche en ressources naturelles mais confronté à ses propres défis de développement infrastructurel, en fait un hôte symboliquement pertinent.
Le président Lourenço a d’ailleurs été clair sur ses ambitions : « Nous devons mobiliser toutes les ressources financières disponibles pour atteindre nos objectifs, qu’il s’agisse des routes, des chemins de fer, des ports, des lignes électriques ou des réseaux numériques. »
Des corridors stratégiques en vitrine
Le sommet mettra en avant plusieurs corridors infrastructurels stratégiques, notamment le corridor de Lobito, qui traverse l’Angola et la République démocratique du Congo. Mais aussi le projet LAPSSET (Lamu Port-South Sudan-Ethiopia Transport) et la route Dakar-Bamako-Djibouti.
Ces corridors représentent des épines dorsales économiques capables de transformer les échanges intra-africains et de favoriser l’intégration régionale promise par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
L’ère numérique au cœur des discussions
Une dimension particulièrement innovante du sommet sera l’accent mis sur les infrastructures numériques et l’intelligence artificielle. L’Afrique, qui abrite la population la plus jeune au monde avec une adoption croissante des technologies mobiles, se positionne pour jouer un rôle majeur dans la révolution numérique mondiale.
Les discussions porteront sur la façon dont les technologies financières et l’IA peuvent améliorer la planification infrastructurelle, la prestation de services et l’inclusion financière.
L’un des aspects les plus prometteurs du sommet sera l’exploration de mécanismes pour mobiliser les capitaux africains. En effet, avec plus de 70 milliards de dollars disponibles annuellement dans les fonds de pension et souverains du continent, l’Afrique dispose d’un potentiel financier sous-exploité.
L’objectid est de passer d’une dépendance aux bailleurs externes vers une mobilisation accrue des ressources internes. Les nouveaux modèles de partenariats public-privé et les instruments financiers innovants comme les obligations de projet seront au centre des débats.
Un positionnement géopolitique stratégique
Le timing de ce sommet coïncide avec la présidence sud-africaine du G20 en 2025. Ainsi, il offre à l’Afrique une fenêtre d’opportunité unique pour porter ses priorités infrastructurelles sur la scène mondiale. Cette convergence calendaire doit permettre au continent de parler d’une voix unie et de proposer des solutions africaines aux défis globaux.
Le sommet servira également de plateforme pour revendiquer un accès plus équitable au financement climatique, tout en présentant des projets verts prêts pour l’investissement dans les secteurs des transports, de l’énergie, du numérique et de l’eau.
Le Sommet de Luanda incarne l’ambition d’une Afrique déterminée à prendre son destin en main, à mobiliser ses propres ressources et à s’imposer comme un acteur incontournable du développement durable mondial.
Les inscriptions ouvriront dans les prochaines semaines.