
Le restaurant haut de gamme de l’humoriste franco-marocain, inauguré en 2023 en hommage à sa mère, est visé par une campagne de boycott menée par BDS France. En cause : la présence sur la carte de vins israéliens, dont certains proviendraient du Golan occupé. Face à la polémique qui enfle sur les réseaux sociaux, Jamel Debbouze garde pour l’instant le silence, laissant ses fans divisés entre déception et incompréhension.
C’était pourtant un projet né du cœur. En février 2023, Jamel Debbouze réalisait un rêve qu’il caressait depuis 2007 : offrir à sa mère Fatima un restaurant à son image. Perché au neuvième étage de l’Institut du Monde Arabe, au coeur de Paris, Dar Mima devait incarner l’hospitalité orientale et le partage familial. Aujourd’hui, ce temple gastronomique imaginé en hommage maternel se retrouve au centre d’une controverse qui enflamme les réseaux sociaux.
L’étincelle qui a mis le feu aux poudres
Tout a commencé début août 2025, lorsque le mouvement BDS France (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) a découvert un détail troublant sur la carte du restaurant : la présence de vins israéliens. Dans une lettre ouverte datée du 8 août, l’organisation s’est dite « choquée » par cette découverte, qualifiant ce choix d' »incompréhensible » pour un établissement situé au cœur même de l’Institut du Monde Arabe.
Alors que le conflit à Gaza continue de faire rage, la présence de ces bouteilles sur les tables du Dar Mima a été perçue comme une provocation par les défenseurs de la cause palestinienne.
En outre, BDS France a soulevé plusieurs points particulièrement épineux. D’abord, certains de ces vins proviendraient du plateau du Golan, territoire syrien annexé par Israël depuis 1981, une annexion non reconnue par le droit international. « Si la loi était respectée, vous pourriez être accusés de recel de vol et de complicité de crime de colonisation« , écrit l’organisation dans sa missive restée, selon elle, sans réponse de la part du restaurant. (Lire la Lettre dans son intégralité sur le site de BDS France)
Le silence de Jamel
Face à cette tempête médiatique, l’humoriste franco-marocain reste muet. Ni lui, ni Laurent de Gourcuff, son associé du groupe Paris Society, n’ont souhaité commenter la situation. Ce silence alimente les spéculations et la colère sur les réseaux sociaux où l’affaire a pris une ampleur considérable.
L’ironie de la situation n’échappe à personne. Voilà un artiste qui a construit sa carrière sur son identité franco-maghrébine et sur sa proximité avec Mohammed VI, lui qui a toujours revendiqué ses racines marocaines. Il se retrouve accusé de soutenir indirectement la colonisation israélienne. Pour beaucoup de ses fans de la communauté maghrébine, c’est une déception profonde.
Le restaurant, pensé comme un pont entre Orient et Occident, devient malgré lui le symbole d’une fracture. L’absence de la carte des vins sur le site internet du Dar Mima, relevée par BDS, est interprétée comme un aveu de malaise.
Ce restaurant haut de gamme, où l’addition peut facilement dépasser les 150 euros pour deux personnes, était jusqu’alors loué pour son cadre exceptionnel et sa cuisine raffinée. La décoration signée Laura Gonzalez, les recettes familiales de Fatima Debbouze, la vue imprenable sur Notre-Dame… tout participait à créer une expérience unique. Mais aujourd’hui, l’établissement se retrouve pris dans une spirale où chaque choix commercial est politique.
Cette controverse intervient à un moment délicat pour Jamel Debbouze. L’humoriste, habituellement très présent médiatiquement, avait déjà été critiqué pour son silence sur la situation à Gaza. Cette nouvelle affaire ravive les tensions et pose question sur ses positionnements.
Pour un artiste qui a toujours navigué entre plusieurs identités, jonglant avec habileté entre ses origines marocaines et sa citoyenneté française, cette polémique représente un défi inédit.
Une affaire qui révèle des fractures profondes
Au-delà du cas particulier de Jamel Debbouze, cette controverse met en lumière les tensions qui traversent la société française. Elle interroge sur la responsabilité des personnalités publiques, sur le pouvoir du boycott économique comme arme politique, et sur la difficulté de séparer le commercial du politique dans un contexte géopolitique explosif.
L’histoire du Dar Mima est celle d’un rêve d’enfant rattrapé par les réalités géopolitiques. Jamel Debbouze, qui voulait simplement honorer sa mère avec un restaurant d’exception, découvre que la notoriété impose des responsabilités.