
Les frappes israéliennes du 13 juin 2025 contre l’Iran révèlent une nouvelle géographie diplomatique africaine. Tandis que l’Algérie et l’Afrique du Sud condamnent fermement ces attaques, d’autres pays du continent restent silencieux, contraints par leurs alliances ou leurs fragilités. Cette divergence illustre l’émergence de deux Afriques : celle qui ose parler librement et celle qui subit les pressions géopolitiques.
Face à l’opération « Rising Lion » menée par Israël contre l’Iran, l’Algérie s’est rapidement positionnée comme l’une des rares voix africaines à condamner fermement cette escalade. Le pays du Président Tebboune a appelé à une mobilisation internationale contre la politique expansionniste de l’Etat Hébreux, réaffirmant sa position traditionnelle de défense du droit international.
Cette réaction tranche avec le silence prudent observé dans de nombreuses capitales africaines, souvent contraintes par leurs alliances stratégiques ou leurs fragilités internes. L’Algérie démontre ainsi sa capacité à maintenir une diplomatie indépendante, fidèle à ses principes historiques de soutien aux causes considérées comme justes.
Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, figure expérimentée de la diplomatie algérienne revenue aux affaires en mars 2023, incarne cette tradition d’une politique extérieure non-alignée, capable de porter une voix authentiquement souveraine sur la scène internationale.
Le contraste des réactions régionales
Les réactions internationales aux frappes illustrent les divisions profondes du Moyen-Orient. L’Arabie saoudite a condamné les frappes israéliennes meurtrières contre l’Iran, les qualifiant d' »agressions flagrantes » contre un « pays frère« . Le sultanat d’Oman, médiateur traditionnel entre Washington et Téhéran, a également dénoncé ces attaques comme une « escalade dangereuse » menaçant les efforts diplomatiques en cours.
En revanche, le Maroc maintient un silence prudent, contraint par ses accords de normalisation avec Israël dans le cadre des Accords d’Abraham. L’Égypte, quant à elle, adopte une position mesurée, ménageant ses relations cruciales avec Washington.
Cette diversité de réactions souligne cependant l’absence d’une position arabe unifiée face à l’escalade entre Israël et l’Iran.
L’Afrique du Sud : l’autre voix de référence
L’Afrique du Sud, qui a porté plainte devant la Cour internationale de Justice pour génocide présumé à Gaza, représente un modèle de diplomatie africaine indépendante que l’Algérie pourrait suivre. Pretoria, comme Alger, a développé une approche basée sur le droit international et la défense des peuples opprimés, sans se laisser intimider par les pressions occidentales.
Les enjeux pour la diplomatie algérienne
L’Algérie dispose d’atouts considérables : une tradition de non-alignement respectée internationalement, des relations équilibrées avec les puissances régionales, une crédibilité dans la défense des causes justes et l’absence de contraintes liées à des alliances compromettantes.
Cependant, Alger doit également relever des défis de taille en préservant ses intérêts économiques et sécuritaires tout en affirmant son leadership dans le monde arabe et africain. La société algérienne, historiquement solidaire de la Palestine et critique d’Israël, constitue un facteur déterminant dans l’élaboration et le soutien de la position officielle. Ahmed Attaf a déjà démontré sa capacité à porter une voix ferme contre les actions israéliennes, notamment en accusant les soutiens d’Israël d’adopter une attitude « complaisante injustifiable« .
Cette légitimité populaire qui se répercute dans l’ensemble des pays arabes, représente un atout considérable pour l’Algérie dans sa quête d’influence diplomatique régionale.
L’Algérie et l’Afrique du Sud prouvent qu’une autre voie est possible : celle d’une diplomatie de principes, affranchie des calculs géostratégiques et fidèle aux aspirations des peuples. Leur convergence pourrait bien préfigurer l’émergence d’un nouveau bloc diplomatique africain, porteur d’un ordre international plus juste et équilibré.