
En interdisant l’usage, la détention et l’échange de cryptomonnaies sur son territoire, l’Algérie fait le choix assumé de la souveraineté économique et de la protection de ses citoyens. Un positionnement que le gouvernement présente comme responsable face aux dérives du marché numérique mondial.
En interdisant l’usage, la détention et l’échange de cryptomonnaies sur son territoire, l’Algérie fait le choix assumé de la souveraineté économique et de la protection de ses citoyens. Un positionnement que le gouvernement présente comme responsable face aux dérives du marché numérique mondial.
Préserver la souveraineté monétaire face à une finance dématérialisée incontrôlée
Dans un monde en pleine mutation financière, où les monnaies numériques non régulées prennent de l’ampleur, l’Algérie a opté pour une ligne claire : ne pas céder à la pression des marchés décentralisés. En interdisant dès 2018 l’usage des cryptomonnaies telles que le Bitcoin ou l’Ethereum – une interdiction réaffirmée dans la loi de finances complémentaire de 2020 – le pays entend protéger le dinar algérien et affirmer la primauté de sa Banque centrale.
« La prolifération des crypto-actifs constitue une menace pour la stabilité des monnaies nationales », avait souligné le ministère des Finances à l’époque. En effet, ces monnaies numériques échappent au contrôle des banques centrales et alimentent une spéculation parfois violente, éloignée des réalités de l’économie productive. Pour Alger, autoriser leur circulation reviendrait à fragiliser les fondements de souveraineté économique dans un contexte international tendu.
Une réponse ferme aux risques de blanchiment et à l’économie informelle
L’autre argument majeur avancé par les autorités algériennes concerne la sécurité financière et la lutte contre la criminalité économique. L’anonymat des transactions en cryptomonnaies favorise des pratiques illicites, allant du blanchiment d’argent au financement du terrorisme, en passant par l’évasion fiscale. Or, l’Algérie, engagée dans un processus de moralisation de la vie économique, ne peut se permettre de laisser se développer un outil aussi difficilement traçable.
Alors que de nombreux pays africains s’interrogent encore sur le cadre à donner à ces actifs numériques, Alger assume un choix radical mais cohérent : mieux vaut anticiper les dérives que les subir. Cette décision s’inscrit aussi dans la volonté de canaliser les investissements vers des circuits bancaires formels et traçables, en lien avec la stratégie de bancarisation et de réforme du secteur financier lancée ces dernières années.