
Huit migrants en situation irrégulière, condamnés pour des crimes violents et expulsés des États-Unis, ont été débarqués à Juba, capitale du Soudan du Sud, ce samedi 5 juillet. Une décision soutenue par l’administration Trump, mais critiquée par les défenseurs des droits humains, alors que sept des huit expulsés ne sont pas sud-soudanais.
Le transfert, opéré par les US Marines depuis une base militaire à Djibouti, intervient après la validation par la Cour suprême américaine de leur expulsion, suspendue un temps par une décision judiciaire. Le Soudan du Sud, pays instable où la guerre civile pourrait reprendre à tout moment selon l’ONU, devient malgré lui une terre d’accueil forcée.
Des profils variés, une destination unique imposée
Parmi les expulsés figurent deux ressortissants birmans, deux Cubains, un Mexicain, un Laotien, un Vietnamien et un seul Sud-Soudanais. Les autorités américaines affirment que leurs pays d’origine ont refusé de les reprendre. Ils justifient ainsi leur réaffectation vers un pays tiers. La porte-parole du ministère américain de la Sécurité intérieure, Tricia McLaughlin, a salué cette opération. Il l’a qualifiée de « victoire » contre l’inaction judiciaire et a soulignée qu’elle s’est déroulée symboliquement le jour de l’indépendance du Soudan du Sud.
Le Soudan du Sud, un refuge par défaut ?
Le choix du Soudan du Sud pour accueillir ces individus interroge. L’État africain, devenu indépendant en 2011, peine encore à se stabiliser après une guerre civile dévastatrice ayant fait 400 000 morts entre 2013 et 2018. L’ONU s’inquiète d’une reprise imminente des violences, notamment en raison des tensions croissantes entre le président Salva Kiir et son vice-président Riek Machar.
L’accueil de migrants étrangers, dont certains viennent de régions aussi éloignées que l’Asie du Sud-Est ou les Caraïbes, s’apparente à une décision unilatérale de Washington, sans consultation apparente avec les autorités locales, si ce n’est une communication discrète et anonyme d’un fonctionnaire sud-soudanais.
Entre droit international et politiques de dissuasion
Ce transfert vers un pays tiers soulève de nombreuses interrogations sur le respect du droit international, qui interdit le refoulement vers des territoires où les individus risquent d’être exposés à la torture ou à la mort. Bien que les migrants aient été condamnés, certains auraient purgé leur peine. Aucun mécanisme de recours réel ne leur aurait été proposé selon les juges initiaux.
Donald Trump, dans le cadre de son second mandat, continue de durcir la politique migratoire américaine. Il vise l’expulsion massive de sans-papiers, quitte à les envoyer dans des pays tiers, quels qu’ils soient. Le cas du Soudan du Sud pourrait ainsi ouvrir la voie à d’autres opérations similaires, au mépris des risques encourus par les individus concernés.
À l’heure où les tensions géopolitiques redéfinissent les alliances et les responsabilités en matière de migration, l’affaire des huit expulsés vers le Soudan du Sud est une décision controversée dans la stratégie de dissuasion migratoire des États-Unis. Elle expose aussi la vulnérabilité des pays en crise, transformés malgré eux en zones tampons de la diplomatie sécuritaire occidentale.