Guinée : 51 partis politiques validés, l’UFDG de Cellou Dalein et le RPG d’Alpha Condé toujours exclus du jeu politique


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Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo
L'ancien Président de Guinée, Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo

En Guinée, le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD) poursuit sa vaste opération d’assainissement du paysage politique. Ce mercredi 15 octobre 2025, 51 partis politiques supplémentaires ont reçu leur certificat de conformité, condition indispensable pour mener légalement des activités politiques dans le pays. Si cette nouvelle vague de certifications renforce la dynamique de régularisation lancée en 2024, elle confirme aussi l’exclusion de deux poids lourds de la scène guinéenne : l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et le RPG d’Alpha Condé.

Une opération d’assainissement politique en plusieurs étapes

Un total de 51 partis politiques ont reçu leur certificat de conformité, l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et le RPG d’Alpha Condé étant out de cette liste. Tout a débuté en juin 2024, lorsque le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD) a lancé une mission d’évaluation des partis politiques existants. À cette époque, la Guinée comptait 211 formations politiques enregistrées. L’objectif affiché par les autorités de la transition : réduire le nombre de partis fictifs ou inactifs, et garantir que les partis actifs respectent les obligations prévues par la charte des partis politiques.

Les premiers résultats de cette mission ont été publiés en mars 2025. Ils ont débouché sur la dissolution d’une cinquantaine de partis, la suspension temporaire d’une cinquantaine d’autres, et la certification de 73 formations jugées en règle. Les 51 partis nouvellement certifiés portent désormais le total à 124 partis autorisés à fonctionner en Guinée.

L’UFR de Sidya Touré retrouve ses droits

Parmi les partis désormais certifiés figure l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré. Ce parti, initialement suspendu faute d’avoir organisé son congrès, a finalement pu se mettre en conformité en tenant son assemblée générale en mai 2025. Cette régularisation lui ouvre la voie pour participer à l’élection présidentielle prévue le 28 décembre 2025.

Cependant, des obstacles demeurent : bien que certifié, l’UFR ne pourra pas aligner Sidya Touré comme candidat. En effet, la nouvelle Constitution guinéenne interdit aux personnes âgées de plus de 80 ans de se présenter, et exige également que les candidats résident sur le territoire national. Or, Sidya Touré vit actuellement en exil en Côte d’Ivoire.

UFDG et RPG : deux géants toujours sur la touche

L’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), longtemps premier parti d’opposition, reste suspendue, tout comme le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), ex-parti au pouvoir. Ces deux formations politiques emblématiques sont désormais exclues du processus électoral en cours, faute de mise en conformité avec les nouvelles exigences. L’UFDG, d’abord placée « sous observation », a vu son sort empirer en août dernier après avoir échoué à organiser son congrès dans les délais impartis.

Quant au RPG, il n’a pas non plus répondu aux critères exigés, notamment sur la mise à jour de ses structures internes. Le sort de leurs leaders, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, n’arrange pas leur position. Tous deux vivent en exil et, dans le cas d’Alpha Condé, son âge, au-delà de 80 ans, l’écarte automatiquement d’une éventuelle candidature, en vertu de la Constitution actuellement en vigueur.

Une recomposition du paysage politique avant 2025

À quelques mois d’un scrutin présidentiel décisif, le processus de certification redessine profondément les lignes de force de la politique guinéenne. Si l’objectif officiel est de moraliser et structurer la vie politique, cette vague de suspensions soulève aussi des critiques sur le caractère sélectif ou politique de certaines décisions, notamment celles visant les principales forces d’opposition.

Alors que l’UFR se prépare à désigner un nouveau candidat, l’absence de l’UFDG et du RPG risque de fragiliser la légitimité du processus électoral, aux yeux d’une partie de l’opinion publique.

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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