GICA, la Corée du Sud et l’Algérie : un excédent de ciment qui tombe à pic


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Ciment GICA
Ciment GICA

L’Algérie produit désormais plus de ciment qu’elle n’en consomme. C’est pourquoi le groupe public GICA cherche des débouché. En parallèle, la Corée du Sud, que l’ambassadeur You Ki-Jun a décrit comme « un partenaire stratégique d’Alger en Afrique »,  multiplie les projets industriels, énergétiques et agricoles dans le pays. Cette convergence ouvre une fenêtre très concrète : des chantiers coréens, du ciment algérien. 

Créé en 2009 pour regrouper les cimenteries publiques, GICA a accompagné la montée en puissance qui a fait basculer l’Algérie d’importatrice nette à exportatrice de ciment et clinker. Le ministère de l’Industrie a confirmé que la production nationale dépassait la demande intérieure depuis 2023, ouvrant la voie à des exportations croissantes vers l’Afrique de l’Ouest et le bassin méditerranéen. La direction de GICA a indiqué viser la consolidation des volumes exportés et l’adaptation des produits (clinker vrac, ciment ensaché) aux normes régionales.

La dynamique coréenne en Algérie

« Les relations économiques sont excellentes et prometteuses », a déclaré l’ambassadeur You Ki-Jun, citant l’intérêt d’entreprises coréennes pour l’automobile, l’énergie et l’agro-industrie. Exemple immédiat : lors d’une réunion de février 2025, le PDG de Sonelgaz, Mourad Adjal, a invité Hyundai Engineering & Construction à « participer avec force » aux prochains appels d’offres algériens dans l’électricité, les renouvelables et les infrastructures associées. Ces secteurs mobilisent des chantiers lourds centrales, postes, plateformes — gros consommateurs de béton.

La relance d’une production Hyundai en Algérie, discutée avec les autorités industrielles et rapportée par la presse économique au printemps 2025, suppose la construction ou la réhabilitation de lignes d’assemblage, d’entrepôts logistiques et d’aires d’expédition. Des représentants industriels coréens ont indiqué être « prêts à investir lorsque le cadre est stable et partenarial ».

Si GICA sécurise les spécifications demandées et une logistique maritime fiable, le surplus algérien pourrait alimenter ces chantiers et positionner le pays comme hub de matériaux de construction vers l’Afrique et le Moyen-Orient d’ici 2025-2030.

Une coopération pour décarboner la production de ciment

En parallèle, le groupe public algérien GICA a signé un mémorandum d’entente avec l’Association coréenne du ciment (KCA) pour développer un partenariat stratégique en matière de décarbonation de l’industrie cimentière, le premier de ce type en Afrique selon la partie coréenne. Cette collaboration, qui s’étend sur deux ans avec la formation d’un comité opérationnel, vise à élaborer une feuille de route alignée sur les engagements climatiques de l’Algérie et à maîtriser les technologies de pointe sud-coréennes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

L’enjeu est crucial pour GICA qui, après avoir investi dans des équipements anti-pollution dans ses 13 unités et développé la valorisation des déchets, ambitionne de conquérir le marché européen où de nouvelles normes environnementales pour le ciment entreront en vigueur en 2027.

Cette démarche s’inscrit dans la stratégie gouvernementale de substitution aux importations et de promotion des exportations hors hydrocarbures pour diversifier les ressources en devises du pays.

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Ali Attar est un spécialiste reconnu de l'actualité du Maghreb. Ses analyses politiques, sa connaissance des réseaux, en font une référence de l'actualité de la région.
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