Gabon : qui est Michel Régis Onanga Ndiaye, nouveau président de l’Assemblée nationale


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Michel Régis Onanga Ndiaye
Michel Régis Onanga Ndiaye

Ce 17 novembre 2025, un nouveau chapitre s’est ouvert à l’Assemblée nationale gabonaise avec l’élection de Michel Régis Onanga Ndiaye à la tête de l’institution. Le scrutin, organisé à huis clos conformément au règlement intérieur de 2013, consacre l’arrivée d’un diplomate chevronné au Perchoir, soutenu par une large majorité parlementaire.

L’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), formation majoritaire avec près de 70% des sièges, a porté sans surprise sa candidature à la tête de l’Assemblée nationale gabonaise. A l’issue d’un scrutin à huis clos, l’élection d’Onanga Ndiaye a été actée. Le vote intervient dans un contexte politique sensible, alors que le pays poursuit sa transition institutionnelle et que la justice vient de sceller le sort de plusieurs figures du clan Bongo, désormais au cœur d’un retentissant procès pour détournement de fonds publics.

Un diplomate expérimenté à la tête de l’hémicycle

Né le 28 septembre 1966 à Port-Gentil, Michel Régis Onanga Ndiaye affiche un parcours international solide. Diplômé en sciences politiques à Paris, il s’est imposé comme l’un des principaux artisans de la diplomatie gabonaise. Ancien Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire au Sénégal et en Afrique de l’Ouest, il a également servi au sein de la Mission permanente du Gabon à l’ONU, d’abord comme Premier conseiller, puis comme ministre conseiller.

Cette expertise en relations internationales et sa connaissance fine des enjeux régionaux donnent une coloration stratégique à son élection à la présidence de l’Assemblée nationale. Marié et père de famille, il symbolise pour beaucoup une gouvernance plus technocratique et structurée, en phase avec les ambitions affichées de la transition politique actuelle.

Une élection au cœur d’une transition politique majeure

Depuis le renversement d’Ali Bongo en août 2023, le Gabon est engagé dans une profonde recomposition institutionnelle sous la direction du général-président Brice Clotaire Oligui Nguema. Les élections législatives récentes ont confirmé la domination de l’Union des Bâtisseurs (UDB), qui a remporté 55 des 145 sièges.

Ce bouleversement politique confirme la marginalisation du Parti démocratique gabonais (PDG), longtemps dominant sous la présidence Bongo et réduit aujourd’hui à seulement trois sièges. Ce changement d’équilibre a permis à l’UDB d’imprimer sa marque dans toutes les institutions, y compris au sein de l’Assemblée nationale désormais présidée par Onanga Ndiaye.

Une recomposition parlementaire marquée par des tensions électorales

Si le second tour des Législatives s’est déroulé dans un climat plus apaisé, le ministère de l’Intérieur a reconnu de graves irrégularités lors du premier tour. La Cour constitutionnelle a même été contrainte de reporter le vote dans plusieurs circonscriptions. Malgré ces incidents, les autorités affirment que le processus s’inscrit dans la volonté de restaurer un ordre institutionnel fiable.

Les Législatives s’ajoutent à un calendrier électoral dense comprenant Municipales et Départementales. En attendant les prochaines sénatoriales, un point d’interrogation demeure : la date de l’élection présidentielle qui doit théoriquement marquer la fin de la transition n’a toujours pas été annoncée.

L’affaire Bongo : un tournant judiciaire qui redéfinit le paysage politique

Alors que le pays restructure ses institutions, la justice gabonaise a accéléré son offensive contre l’ancien cercle présidentiel. Cette nouvelle présidence à l’Assemblée nationale intervient au moment même où le parquet de Libreville a requis 20 ans de prison ferme et 100 millions de francs CFA d’amende contre Sylvia Bongo Ondimba Valentin et son fils Noureddin, jugés par contumace.

Les deux ex-membres du clan Bongo, aujourd’hui réfugiés à Londres, sont accusés de détournements massifs de fonds publics, de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite. Selon le procureur général, Sylvia Bongo aurait perçu 16 milliards de francs CFA du Trésor pour ses dépenses personnelles, tandis que leur patrimoine à l’étranger, villas, comptes bancaires, jets privés, aurait été constitué via des circuits illégaux.

Témoignages accablants et bataille d’image autour du procès

Des témoins clés, anciens collaborateurs du clan, ont décrit un train de vie opulent : achats annuels de plusieurs millions de dollars, collections de bijoux, œuvres d’art et financement de la campagne présidentielle de 2023 pour un montant estimé à 80 milliards de francs CFA. L’un d’eux a également évoqué des transferts de liquidités vers Dubaï supervisés par Noureddin Bongo. Depuis son exil, ce dernier dénonce un procès politique et affirme que ses aveux ont été obtenus sous la torture.

Sa famille parle d’un dossier monté dans un climat hostile, sans garanties suffisantes pour la défense. Pour le pouvoir, au contraire, ce procès symbolise une volonté assumée de rupture avec l’ère Bongo et de moralisation de la vie publique. L’ascension de Michel Régis Onanga Ndiaye à la présidence de l’Assemblée nationale, conjuguée à l’offensive judiciaire contre les anciens dirigeants, confirme que le Gabon vit une transition à plusieurs vitesses : institutionnelle, politique mais aussi morale.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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