
Le parquet de Libreville a requis, ce lundi, 20 ans de prison ferme et 100 millions de francs CFA d’amende contre Sylvia Bongo Ondimba Valentin et son fils Noureddin Bongo Valentin, jugés par contumace pour détournements massifs de fonds publics.
L’ancienne première dame et son fils, aujourd’hui en exil à Londres, refusent de comparaître, dénonçant un procès politique orchestré par le régime du général Brice Clotaire Oligui Nguema, arrivé au pouvoir après le renversement d’Ali Bongo en août 2023 et élu il y a quelques mois.
Un procès symbolique contre le clan Bongo
Le parquet de Libreville a requis, ce lundi, 20 ans de prison ferme et 100 millions de francs CFA d’amende contre Sylvia Bongo Ondimba Valentin et son fils Noureddin Bongo Valentin, jugés par contumace pour détournements massifs de fonds publics.
L’ex-première dame et son fils, aujourd’hui en exil à Londres, refusent de comparaître, dénonçant un procès politique orchestré par le régime du général Brice Clotaire Oligui Nguema.
Dans un réquisitoire virulent, le procureur général, Eddy Minang, a accusé le duo mère-fils d’avoir « travesti le pouvoir présidentiel » après l’AVC d’Ali Bongo en 2018, évoquant « un duo culturellement éloigné du pays, mais pécuniairement très proche ».
Il réclame la confiscation de tous leurs avoirs – comptes bancaires, hôtels particuliers, actifs miniers et pétroliers – ainsi que le remboursement de 4,4 milliards de francs CFA.
Selon lui, Sylvia Bongo aurait perçu 16 milliards de francs CFA du Trésor public pour ses « besoins personnels », soit environ 24 millions d’euros, tandis que des propriétés à Londres et Marrakech, des jets privés et des bijoux luxueux auraient été financés via un système de blanchiment.
Témoignages accablants et accusations croisées
À la barre, Kim Oum, ex-assistant personnel de Sylvia Bongo, a décrit un train de vie somptuaire : trois à quatre millions de dollars d’achats annuels de robes, de bijoux et d’œuvres d’art, ainsi que le financement de cent véhicules pour la campagne présidentielle de 2023, pour un budget total estimé à 80 milliards de francs CFA.
Selon lui, « toutes les décisions finales relevaient de Noureddin Bongo », qui supervisait des transferts d’argent liquide vers Dubaï.
Un autre témoin, Jordan Camuset, s’est présenté comme un « homme à tout faire » du clan, confirmant l’existence d’un patrimoine considérable à l’étranger.
En exil, Noureddin Bongo affirme sur X avoir « tout donné sous la torture » et conteste la crédibilité de témoins qu’il dit avoir vus « battus » devant lui. Sa famille dénonce un procès expéditif, mené dans un climat politique tendu et sans garanties suffisantes pour la défense.
Un symbole fort pour le régime Oligui Nguema
Pour le régime du général Brice Oligui Nguema, ce procès illustre la volonté de rupture avec l’ère Bongo et la lutte contre la corruption. Les autorités présentent cette procédure comme un acte de justice réparatrice, visant à restituer à l’État les richesses indûment accaparées.
Mais pour de nombreux observateurs, cette offensive judiciaire, menée en l’absence des accusés, soulève des doutes sur la sincérité du processus. Certains y voient une opération politique destinée à consolider le nouveau pouvoir en discréditant définitivement le clan Bongo. À Libreville, le verdict attendu dans les prochains jours pourrait sceller le crépuscule d’une dynastie qui aura dominé le Gabon pendant plus d’un demi-siècle.



