
Après des années de traque et de procédures judiciaires, la Cour Pénale Internationale (CPI), siégeant à La Haye, a officiellement confirmé les charges de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qui pèsent sur Joseph Kony, le leader de la tristement célèbre Armée de résistance du Seigneur (LRA).
Cette décision historique, rendue par contumace, représente une victoire symbolique pour les milliers de victimes de cette milice qui a semé la terreur en Afrique centrale.
29 chefs d’accusation confirmés contre le chef rebelle
Neuf juges de la CPI ont formellement jugé Joseph Kony responsable de 29 chefs d’accusation. Ces charges recouvrent un catalogue d’atrocités commises alors qu’il dirigeait la LRA. Parmi les crimes confirmés figurent notamment le meurtre, l’esclavage sexuel et le viol.
L’Armée de résistance du Seigneur, que Kony a créée dans les années 1980 en Ouganda pour tenter de renverser le gouvernement, est tristement célèbre pour ses méthodes d’une brutalité extrême. Ses exactions incluent l’utilisation massive d’enfants soldats, la mutilation de civils et l’asservissement de femmes et de filles. Chassée d’Ouganda, la LRA a étendu son règne de terreur en République démocratique du Congo (RDC), en Centrafrique et au Soudan du Sud.
Un procès par contumace contesté mais validé
L’audience de confirmation des charges s’est déroulée en l’absence du suspect les 9 et 10 septembre 2025 au siège de la Cour. La tenue de cette procédure par contumace, c’est-à-dire sans l’accusé présent, est rendue possible par les articles du Statut de Rome, le texte fondateur de la CPI. La Chambre d’appel avait d’ailleurs confirmé la validité des critères pour de telles procédures le 3 juin 2025. Celle-ci permet à la Chambre préliminaire III d’aller de l’avant.
Représenté par son Conseil, Maître Peter Haynes, la défense de Joseph Kony a vigoureusement contesté cette démarche. Ses avocats ont argumenté que l’absence de leur client violait ses droits à un procès équitable et que, par conséquent, l’audience « n’aurait pas dû avoir lieu du tout ». Malgré ces objections, les juges ont rendu leur décision.
Kony reste le plus célèbre fugitif de la CPI
Bien que formellement inculpé, Joseph Kony demeure introuvable. Le mandat d’arrêt international contre lui avait été délivré sous scellés dès juillet 2005, et levé en octobre de la même année. Le chef rebelle est toujours en cavale, ce qui constitue un obstacle majeur à la tenue d’un procès complet.
La communauté internationale a mis de lourds moyens pour tenter de le capturer. Il y a plus d’une décennie, les États-Unis ont notamment promis une récompense de 5 millions de dollars pour toute information menant à son arrestation. En dépit de cette incrimination formelle, le sort de Joseph Kony dépend maintenant de la coopération internationale pour le localiser et le livrer à la justice. Son incarcération reste la condition sine qua non pour que les victimes puissent enfin voir s’ouvrir son procès.




