
Le procès pour détournement de fonds de Sylvia Bongo et de son fils Noureddin, initialement prévu en juillet, est reporté à novembre. Ce report s’inscrit dans un contexte explosif mêlant révélations sur les pressions judiciaires, vidéos clandestines et arrestations de proches.
Prévu initialement du 21 au 25 juillet 2025, le procès très attendu de Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddin Bongo Valentin, accusés de détournement de fonds publics, n’aura finalement lieu qu’en novembre. Ce report officiel, décidé par la cour d’appel de Libreville, intervient dans un climat particulièrement tendu entre l’ancien clan présidentiel et les nouvelles autorités gabonaises. Entre vidéos clandestines, arrestations de proches et dénonciations de « mise en scène », les hostilités judiciaires s’intensifient.
Un report justifié par le respect des droits de la défense
Le procureur général près la cour d’appel judiciaire de Libreville, Eddy Minang, a annoncé que le procès aura désormais lieu du 10 au 14 novembre. Selon lui, cette décision vise à assurer les conditions d’un procès équitable, en permettant aux avocats de la défense, certains en congé ou résidant à l’étranger, de prendre part à l’audience. « Il est de notre devoir d’assurer un procès contradictoire », a insisté le magistrat, évoquant l’article préliminaire du Code de procédure pénale gabonais.
Cette annonce se veut une réponse aux critiques sur la transparence du processus judiciaire, dans un dossier extrêmement sensible mêlant justice, politique et image du pouvoir.
Des vidéos compromettantes tournées en détention
En parallèle, la publication de vidéos clandestines par Noureddin Bongo depuis Londres est venue raviver les tensions. On y voit notamment un juge d’instruction affirmer, à mots à peine voilés, que les militaires au pouvoir auraient exigé la condamnation de Sylvia Bongo et de son fils dès leur arrestation, survenue dans la foulée du coup d’État d’août 2023. Ces enregistrements, qui sèment le doute sur l’indépendance de la justice gabonaise, ont fait l’effet d’une bombe dans l’opinion publique.
Depuis l’étranger, Sylvia Bongo dénonce ce qu’elle qualifie de « chantage judiciaire » et de « mise en scène orchestrée » par les autorités actuelles, qu’elle accuse de vouloir étouffer toute défense légitime.
Arrestations et pressions autour du clan Bongo
Le climat s’est encore envenimé avec l’arrestation récente, à Libreville, de trois proches de Sylvia Bongo. Son neveu et son beau-frère ont été interpellés pour détention de drogue, d’armes à feu, de devises étrangères et d’objets en ivoire. Des accusations graves, immédiatement dénoncées comme des tentatives d’intimidation politique. Le même jour, une convocation judiciaire a été remise à l’avocate de Sylvia Bongo, Me Gisèle Eyue Bekalé, sommée de se présenter aux services de renseignements.
Ces événements jettent une ombre sur la future audience de novembre, qui s’annonce sous haute surveillance. Entre accusations croisées et affrontement judiciaire à distance, le bras de fer entre le clan Bongo et le nouveau pouvoir gabonais semble loin d’être terminé.