RDC : Constant Mutamba face à ses juges pour détournement de fonds


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Constant Mutamba, ministre congolais de la Justice
Constant Mutamba, ministre congolais de la Justice

Accusé de détournement de 19 millions de dollars, l’ex-ministre congolais de la Justice Constant Mutamba comparaît devant la Cour de cassation. Un procès à forts enjeux, où s’entremêlent querelle politique, guerre d’influence judiciaire et quête de crédibilité des institutions face à la corruption des élites.

Ce mercredi 9 juillet 2025, la Cour de cassation de la République démocratique du Congo ouvre un procès très attendu : celui de Constant Mutamba, ancien ministre de la Justice, contraint à la démission après avoir été accusé de détournement de 19 millions de dollars. Cette somme était destinée à la construction d’un complexe pénitentiaire à Kisangani. Derrière cette affaire judiciaire, c’est une véritable guerre d’influence entre l’ex-garde des Sceaux et le corps judiciaire congolais qui se dévoile.

Une affaire de détournement à 19 millions de dollars

Le cœur des accusations porte sur un projet de construction d’une prison à Kisangani. Selon le procureur général près la Cour de cassation, Constant Mutamba aurait initié le projet et débloqué les fonds publics sans l’aval préalable de la Première ministre. Bien que l’argent n’ait finalement pas été perçu par l’entreprise désignée, les autorités judiciaires estiment que le risque de détournement était réel et n’a été évité que grâce à l’intervention de la cellule de renseignement financier.

Ce procès ne peut être lu sans le contexte politique et institutionnel tendu dans lequel il s’inscrit. Constant Mutamba s’est fait connaître pour ses attaques virulentes contre les magistrats congolais, les accusant d’entraver les réformes du système judiciaire. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes magistrats qui se retrouvent en position de juges face à leur ancien pourfendeur. Une situation inédite qui alimente les soupçons d’acharnement judiciaire.

Une défense qui dénonce une cabale politique

Pour Constant Mutamba et son entourage, les faits reprochés relèvent davantage d’un dysfonctionnement administratif que d’un crime. L’ex-ministre parle d’une machination orchestrée pour bloquer son action politique et freiner la riposte nationale à « l’agression rwandaise ». Bien décidé à se défendre bec et ongles, il promet de laver son honneur et de sauver sa carrière. L’audience s’annonce donc tendue, entre preuves à charge du parquet et défense politique d’un homme qui se voit victime d’un règlement de comptes.

Au-delà de la question du détournement, ce procès symbolise le choc entre deux pouvoirs : celui de l’exécutif et celui de la magistrature. L’issue de cette affaire pourrait redessiner les rapports de force au sein de l’appareil d’État. Elle pourrait également envoyer un signal fort sur la capacité des institutions congolaises à juger les hauts responsables, dans un contexte de plus en plus exigeant en matière de transparence et de reddition de comptes.

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