Sylvia et Noureddin Bongo sortent de prison avec une assignation à résidence


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Justice (illustration)
Justice (illustration)

Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin ont quitté la prison centrale de Libreville pour être placés sous résidence surveillée dans leur villa familiale. Une décision discrète, mais symbolique, qui relance les spéculations autour de l’affaire judiciaire emblématique du régime déchu d’Ali Bongo, entre pressions diplomatiques et volonté d’apaisement politique.

Au Gabon, un nouvel épisode vient bouleverser l’affaire judiciaire qui secoue le pays depuis la chute d’Ali Bongo. Selon plusieurs sources judiciaires concordantes, Sylvia Bongo Ondimba, l’ancienne Première dame, et son fils Noureddin Bongo Valentin ont quitté la prison centrale de Libreville pour être placés sous résidence surveillée. Une décision qui intervient dans un climat politique toujours tendu, alors que les deux figures emblématiques du régime déchu sont accusées de détournement de fonds publics, de blanchiment de capitaux et de corruption. Leur transfert dans leur villa de la Sablière soulève de nombreuses interrogations sur la suite du dossier, entre stratégie judiciaire, pressions internationales et recomposition du pouvoir.

Un transfert en deux temps, une discrétion calculée

C’est dans la plus grande discrétion que les autorités gabonaises ont procédé à ce changement de régime carcéral. Sylvia Bongo aurait quitté sa cellule le mardi 6 mai 2025, suivie par son fils le vendredi 9 mai. Tous deux ont été installés dans la résidence familiale de la Sablière, au nord de Libreville, où se trouve également l’ancien président Ali Bongo, lui-même assigné à résidence depuis le coup d’État du 30 août 2023. Aucune communication officielle n’a été faite par le gouvernement, mais plusieurs sources proches du dossier confirment cette évolution, évoquant un « accord » conclu dans l’ombre, sans en révéler les détails.

Ce transfert, intervenu une semaine après l’investiture officielle du président élu Brice Clotaire Oligui Nguema, relance les spéculations. Certains y voient le fruit d’un lobbying diplomatique pressant pour un traitement plus humain, alors que la détention prolongée sans jugement de Sylvia et Noureddin Bongo était de plus en plus dénoncée par des ONG et par leur avocate, Maître Gisèle Eyue-Bekale. Cette dernière soulignait l’absence de renouvellement du mandat de dépôt de sa cliente depuis avril 2024 et dénonce une détention jugée illégale et des conditions particulièrement sévères.

Des poursuites toujours en cours, un procès à l’horizon

Si la résidence surveillée adoucit le cadre de leur détention, elle ne signifie nullement la fin des procédures. Le statut judiciaire de Sylvia et Noureddin Bongo reste inchangé : ils doivent répondre d’accusations lourdes, dans un contexte de lutte déclarée contre la corruption du régime passé. Cette décision judiciaire, contrairement à celle ayant frappé Ali Bongo après le coup d’État, marque un changement de méthode, plus conforme aux principes de l’État de droit. Le transfert pourrait également permettre une meilleure préparation de la défense en vue d’un procès que de nombreux observateurs estiment inévitable.

Dans la rue comme dans les cercles diplomatiques, les réactions oscillent entre soulagement, scepticisme et colère. Pour certains Gabonais, cette assignation à résidence apparaît comme une manœuvre d’équilibriste : elle évite une escalade tout en maintenant la pression judiciaire. D’autres y voient une forme d’impunité déguisée, ce qui alimente un sentiment d’injustice. Pour le pouvoir en place, le défi est désormais clair : mener à terme une procédure exemplaire, tout en consolidant la transition politique du pays.

Vers un épilogue judiciaire ?

Ce retournement de situation ne signe pas la fin de l’affaire Bongo, mais en redessine les contours. Plus que jamais, le Gabon est scruté sur sa capacité à rendre une justice équitable, indépendante et crédible. L’assignation à résidence de Sylvia et Noureddin Bongo n’est qu’une étape. La suite se jouera au tribunal, là où se confronteront les preuves, les mémoires d’un régime déchu et les ambitions d’un nouvel ordre.

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