Futur gouvernement du Maroc : et si les conservateurs damaient le pion à la gauche ?


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Que va-t-il se passer maintenant que le Souverain a reçu les chefs de partis? Il y aura deux phases. L’une concerne le choix d’un Premier ministre par S.M. le Roi et qui ne saurait tarder, affirme-t-on dans les milieux politiques. L’autre est beaucoup plus inhérente aux partis et à leurs tractations…

Les dirigeants des six partis politiques, qui ont été reçus jeudi dernier par S.M. le Roi, ont affirmé que ces audiences «s’inscrivent dans le cadre de la tradition de concertation instituée par le Souverain, en vue de la phase à venir, en consécration du processus démocratique engagé par le Maroc». Au lendemain des élections législatives de 2002, S.M. le Roi, rappelle-t-on, avait reçu, au palais royal de Marrakech pour des consultations, les dirigeants de l’USFP, du RNI, de l’Istiqlal, du MNP, du MP (la Mouvance populaire n’avait pas encore fusionné) et du PJD. A la suite de quoi le Souverain avait chargé Driss Jettou de former le gouvernement.

Le même scénario risque-t-il de se répéter? Peu plausible, mais pas impossible, faut-il dire. Ceci, dans la mesure où l’option d’un Premier ministre technocrate est toujours d’actualité.
Les chefs des partis reçus par le Souverain n’ont certainement pas manqué de lui faire des propositions, mais ils n’en pipent mot. C’est à la demande de ce dernier qu’ils auraient fait ces propositions, croit-on savoir. Même si la nomination du Premier ministre est du seul ressort du Souverain, Sa Majesté a tenu néanmoins à y associer les partis politiques.

Ainsi, le secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, Abbas El Fassi, a indiqué avoir fait part à S.M. le Roi des impressions de son parti sur les différentes étapes du processus électoral, en particulier les résultats du scrutin. Il a aussi affirmé que «les audiences royales traduisent la volonté de S.M. le Roi d’être à l’écoute de toutes les sensibilités partisanes en prélude à la désignation du Premier ministre».

USFP et PPS acculés à l’opposition?

Saâd Eddine El Othmani, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), a affirmé, pour sa part, que «les concertations se font dans un climat positif et que son parti se prononcera sur sa participation au prochain gouvernement une fois le Premier ministre désigné. Mais aussi en «fonction de l’invitation qui sera faite au PJD à participer au gouvernement et des portefeuilles qui lui seront proposés». Le patron de la formation islamiste n’écarte donc pas l’éventualité d’une participation de son parti à un gouvernement de coalition nationale. Il ne pose apparemment pas de conditions préalables, mais parle d’invitation.

Quel est le parti qui lancera cette invitation? Ce sera, dit-on, celui qui sera chargé par le Souverain de former et de diriger, ensuite, le gouvernement. En d’autres termes et à en croire les différentes donnes, ce sera soit le Parti de l’Istiqlal, soit le Mouvement populaire. Logiquement, l’un et l’autre pourraient lancer cette «invitation» au PJD. Istiqlal et MP n’ont–ils pas, l’un et l’autre, certaines accointances avec la formation islamiste? Celle-ci, affirme-t-on, reste ouverte à toutes les éventualités qu’elle examinera à la lumière des développements prochains.

Finalement, s’achemine-t-on vers un gouvernement dirigé soit par l’Istiqlal, soit par le MP et auquel participerait le PJD? C’est une option comme une autre, dira un observateur. Mais une telle majorité va donner naissance à un pôle de droite conservatrice (PI, MP et PJD). L’Istiqlal, par la force des choses, tournerait le dos alors à la Koutla. Du coup, USFP et PPS se retrouveraient seuls dans ce bloc et, partant, rallieraient les rangs de l’opposition parlementaire où ils pourraient retrouver de nombreuses sensibilités de… gauche.

Jamal Eddine Herradi, pour L’Economiste

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