Fin des accords militaires entre le Niger et les États-Unis : Niamey pointe des menaces américaines


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Ali Mahamane Lamine Zeine, Premier ministre du Niger
Ali Mahamane Lamine Zeine, Premier ministre du Niger

Le Premier ministre nigérien, Ali Mahamane Lamine Zeine, accuse les États-Unis d’avoir menacé son pays et d’être restés inactifs face aux attaques terroristes, justifiant ainsi la fin des accords militaires entre les deux pays.

Dans une interview accordée au Washington Post, le Premier ministre nigérien, Ali Mahamane Lamine Zeine, affirme que la décision de mettre fin à la coopération militaire avec les États-Unis est la conséquence de « menaces » proférées par des responsables américains, notamment la sous-secrétaire d’État aux affaires africaines, Molly Phee. Selon le Premier ministre nigérien, Mme Phee aurait menacé le Niger de sanctions en cas de conclusion d’un accord de vente d’uranium à l’Iran.

Attitude inacceptable et condescendante des États-Unis

Le chef du gouvernement qualifie également l’attitude de la délégation américaine à Niamey, en mars dernier, d’inacceptable et condescendante. M. Zeine reproche également aux États-Unis d’avoir suspendu leur coopération militaire après le coup d’État de février 2021, « restant sans rien faire pendant que les terroristes tuaient et brûlaient des villes ». Il souligne que d’autres pays, comme la Russie, la Turquie et les Émirats arabes unis, ont au contraire accueilli les nouvelles autorités nigériennes « à bras ouverts ».

Malgré la fin des accords militaires, le Premier ministre nigérien se dit prêt à poursuivre les relations économiques et diplomatiques avec les États-Unis. Il lance un appel aux investisseurs américains, affirmant : « Si des investisseurs américains arrivaient, nous leur donnerions ce qu’ils veulent. Nous avons de l’uranium, du pétrole, du lithium. Venez, investissez, c’est tout ce que nous voulons ». Rappelons que deux mois après le coup d’État au Niger, les États-Unis avaient sanctionné les nouvelles autorités.

Un acte de chantage qui passe mal

Washington avait finalement qualifié la prise du pouvoir par les militaires nigériens de coup d’État. Aux yeux de la loi américaine, cette reconnaissance est synonyme de suspension de l’aide allouée au gouvernement du Niger. Alors qu’il est l’un des pays les plus pauvres du monde. Ce qui justifie d’ailleurs l’importante aide américaine. Une aide de l’ordre d’un demi-milliard de dollars qui, une fois suspendue, pourrait asphyxier davantage ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest.

Seulement, Washington était formel : le temps n’est plus à la coopération. Les États-Unis avaient d’ailleurs assujetti le rétablissement de l’aide à un retour aux institutions démocratiques, à la libération du Président Mohamed Bazoum. Sauf que les nouvelles autorités du Niger n’ont pas accepté ce qu’elles ont perçu comme un acte de chantage venant d’un pays qui s’engage moins dans la lutte contre le terrorisme.

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