Sommet des BRICS au Brésil : une montée en puissance sur fond de tensions mondiales croissantes


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BRICS 2025

Le sommet annuel des BRICS s’est tenu à Rio de Janeiro, rassemblant les dirigeants de onze États membres. Alors que le monde est en proie à des tensions géopolitiques et économiques, le groupe cherche à renforcer sa position en tant qu’alternative aux puissances occidentales. Les défis et les opportunités liés à cet élargissement étaient au cœur des discussions.

Élargissement des BRICS : une force ou une division ?

Dimanche dernier, 6 juillet 2025, s’est ouvert le sommet annuel des BRICS à Rio de Janeiro, au Brésil, réunissant les dirigeants des désormais onze États membres. Fondé en 2009 autour du Brésil, de l’Inde, de la Russie et de la Chine, rejoint en 2011 par l’Afrique du Sud, ce mouvement avait vocation à réunir les principales puissances émergentes pour se positionner comme une alternative à d’autres organisations et groupes internationaux marqués par l’empreinte des puissances occidentales, en premier lieu le G7.

Sans constituer ni une alliance ni un bloc homogène aux positions unifiées, en témoignent les guerres en Ukraine et à Gaza, les BRICS s’entendent au-delà des contradictions et désaccords, dans la perspective de remettre en cause la prédominance occidentale sur l’ordre international. En janvier 2024, ils connaissaient ainsi leur premier élargissement avec l’intégration de l’Iran, des Émirats arabes unis, de l’Égypte et de l’Éthiopie, illustrant les développements économiques à l’œuvre sur le continent africain et la montée en puissance des États du Golfe. L’Indonésie les a rejoints en janvier 2025.

Ces élargissements renforcent le poids des BRICS. Ils représentent désormais près de la moitié de la population et plus du quart du PIB mondial. Sur la scène énergétique également, leurs capacités cumulées les rendent incontournables dans les secteurs de production pétro-gazière ou de minerais. Les BRICS bénéficient en outre d’une force d’attraction au sein des États du Sud. Pour répondre aux nombreuses demandes, le statut d’État « partenaire » a été créé lors du sommet de Kazan, en Russie, en novembre 2024.

Ces développements pourraient cependant participer à une dilution et multiplier les divisions. Certains États fondateurs, à l’image de l’Inde ou du Brésil, demeurent ainsi réticents à élargir ce cercle, craignant notamment de perdre en influence, d’autant que le poids de la Chine n’a, lui, cessé de se renforcer.

Défis climatiques et technologiques : les BRICS au pied du mur

À ce 17e sommet dont le thème était « Renforcer la coopération Sud-Sud pour une gouvernance plus inclusive et durable », les présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine n’ont pas été présents physiquement. Le président chinois était représenté par le Premier ministre Li Qiang, et le président russe a participé par visioconférence en raison du mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale à son encontre. Les présidents Abdel Fattah al-Sissi d’Égypte et Masoud Pezeshkian de l’Iran étaient absents en raison des récentes frappes israéliennes et américaines contre leurs pays. Néanmoins, les discussions ont porté sur le commerce, l’investissement, la coopération financière, l’intelligence artificielle, la santé mondiale, et l’action climatique, une thématique où le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est exprimé lundi en appelant les membres des BRICS à se mobiliser pour la prochaine conférence des Nations Unies sur le climat, COP30, qui se déroulera également au Brésil en fin d’année.

« Notre environnement est attaqué sur tous les fronts : la pollution empoisonne les sols et les eaux, la biodiversité est détruite à un rythme effarant et, bien sûr, la crise climatique partout dans le monde anéantit des vies et des moyens de subsistance, réduisant en miettes les acquis du développement durable, tandis que les catastrophes s’accélèrent », a déclaré le chef de l’ONU. « L’impact sur la santé humaine est atroce : la chaleur extrême tue, la contamination de l’eau aussi, la destruction des terres et des récoltes fait grimper les prix et aggrave la faim. Le changement climatique accélère la propagation des maladies, du paludisme à la dengue. Les personnes vulnérables et les plus pauvres paient le prix le plus élevé, et nous devons absolument nous attaquer au point de convergence entre climat et santé », a-t-il ajouté.

Le secrétaire général de l’ONU a également exhorté les pays du groupe des BRICS « à démontrer l’importance du multilatéralisme, en répondant aux besoins mondiaux en ces temps difficiles et divisés » et à présenter d’ici septembre de nouveaux plans climatiques nationaux ambitieux. Lors de la séance de sensibilisation sur le thème « Renforcer le multilatéralisme, les affaires économiques et financières, et l’intelligence artificielle », le chef de l’ONU a observé que l’intelligence artificielle remodelait les économies et les sociétés et que le test fondamental résidait dans la sagesse avec laquelle cette transformation est menée, soulignant aussi que l’intelligence artificielle ne pouvait être l’apanage d’une minorité, mais devait bénéficier à tous, et en particulier aux pays en développement, qui doivent avoir une réelle voix au chapitre dans la gouvernance de l’intelligence.

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Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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