
Sous les dorures de la Maison Blanche, Donald Trump a convié mercredi cinq Présidents africains à un mini-sommet centré sur les ressources minières du continent. Une rencontre à haute valeur géopolitique, qui marque le retour du Président américain à une diplomatie transactionnelle axée sur les intérêts économiques directs, et particulièrement les minerais critiques.
Un jeu de charme pour séduire les Présidents africains ! C’est ce à quoi s’est adonné, ce mercredi, le Président américain qui a invité à la Maison Blanche les dirigeants gabonais, Bissau-guinéen, libérien, mauritanien et sénégalais.
Un mini-sommet au goût de super minerais
Autour de la table, les chefs d’État du Sénégal (Bassirou Diomaye Faye), de Mauritanie (Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani), du Gabon (Brice Clotaire Oligui Nguema), de Guinée-Bissau (Umaro Sissoco Embaló) et du Liberia (Joseph Boakai). Tous dirigeants de pays riches en ressources minières, du manganèse à l’uranium, en passant par le pétrole, le gaz ou encore les terres rares, essentielles à la fabrication des technologies modernes.
Officiellement, les discussions portaient sur le commerce, la sécurité et les investissements. Mais dès l’ouverture du déjeuner de travail, Donald Trump n’a laissé aucun doute sur ses intentions : « Ces pays sont dynamiques, avec des terres de très grande valeur, de super minerais, de grandes réserves de pétrole, et des gens merveilleux », a-t-il déclaré devant la presse.
Des promesses, pas encore de contrats
Les dirigeants africains n’ont pas hésité à mettre en avant les richesses de leurs sous-sols. Le Président mauritanien a listé uranium, manganèse, terres rares, et même un potentiel en lithium. Son homologue sénégalais a mis en avant la stabilité politique de son pays et l’attractivité du cadre réglementaire sans oublier son pétrole et son gaz naturel. Le Président gabonais, Brice Oligui Nguema, a rappelé que son pays était le deuxième producteur mondial de manganèse.
Mais si le ton était enthousiaste, aucun accord formel n’a été signé. Trump a réitéré son approche : remplacer l’aide internationale par des investissements privés dans les ressources naturelles. Le démantèlement de l’USAID et la réduction drastique de l’aide américaine confirment cette stratégie de rupture. « Nous ne voulons plus être de simples récipiendaires », a commenté Kula Fofana, porte-parole du Président libérien.
Un contre-feu à la Chine et à la Russie
Cette rencontre s’inscrit dans une stratégie plus large de Washington pour contrer l’influence croissante de la Chine et de la Russie en Afrique. Pékin a déjà signé de nombreux partenariats miniers et financé des infrastructures clés. Moscou, quant à elle, renforce ses positions militaires et sécuritaires via les groupes paramilitaires, notamment en Afrique francophone.
Face à cela, Trump veut prouver que les États-Unis peuvent offrir des partenariats « gagnant-gagnant » basés sur l’investissement privé, la technologie et l’exploitation « transparente » des ressources. « La question est de savoir si les États-Unis peuvent surpasser la Chine et la Russie en matière de capital, de présence et d’engagement à long terme », observe le politologue Landry Signé, du Brookings Institution.
Un test pour l’Afrique
Pour les cinq pays représentés, l’enjeu est double : attirer des capitaux étrangers sans hypothéquer leur souveraineté, et diversifier leurs partenariats stratégiques. Les dirigeants ont semblé prêts à jouer le jeu de la nouvelle doctrine Trump, quitte à flatter l’ego du Président américain, jusqu’à évoquer la construction d’un golf-club au Sénégal.
Mais derrière l’euphorie diplomatique, certaines inquiétudes demeurent. Le retrait américain de l’aide humanitaire – essentielle dans des pays comme le Liberia, où elle représentait 48 % du budget de la santé – pourrait fragiliser des équilibres sociaux déjà précaires.
Le sommet du 9 juillet n’est pas sans rappeler les logiques extractivistes du passé. Si les dirigeants africains veulent croire à une relation équilibrée, la priorité donnée aux ressources naturelles suscite aussi des critiques. La promesse américaine de développement via l’investissement privé tiendra-t-elle face à l’urgence des besoins sociaux ? Et surtout, que restera-t-il une fois les minerais extraits ?
En misant sur le « soft power minier », Donald Trump veut redessiner l’agenda africain à l’aune des intérêts américains. Mais sans garanties de transfert de technologie, de retombées locales ou de respect des normes environnementales, l’Afrique pourrait bien se retrouver, une fois encore, au banc de ses propres richesses.