
La liberté de la presse en Éthiopie est une nouvelle fois mise à rude épreuve. Deux journalistes ont été arrêtés ou enlevés dans des circonstances opaques, suscitant l’inquiétude des organisations de défense des droits. Reporters sans frontières appelle à leur libération immédiate et dénonce le silence des autorités.
Ces arrestations s’inscrivent dans un contexte de répression croissante à l’approche des élections de 2026.
Deux journalistes disparus dans des circonstances troublantes
Le premier, Abdulsemed Mohamed, animateur d’une émission économique sur la station privée Ahadu Radio, a disparu le 11 août à Addis-Abeba. Trois jours plus tard, il a été aperçu aux côtés de policiers lors d’une perquisition dans les locaux de sa radio, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Le second, Yonas Amare, rédacteur en chef du quotidien The Reporter, a été enlevé le 13 août à son domicile par des individus masqués, d’après son média. Des témoins affirment qu’il aurait été emmené par des membres des forces de sécurité gouvernementales.
Le silence des autorités et l’appel de RSF
Face à ces arrestations, les autorités éthiopiennes n’ont donné aucune explication officielle, accentuant le climat de suspicion. Interrogé par l’AFP, le porte-parole de la police de la capitale n’a pas réagi.
Dans un communiqué, Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF, s’est dit « inquiet de la manière dont ces journalistes ont été arrêtés et du silence des autorités ». Il a exhorté le gouvernement à fournir des informations claires sur leur sort et à procéder à leur libération immédiate.
Une presse de plus en plus sous pression
L’affaire intervient dans un contexte marqué par une recrudescence des atteintes à la liberté d’expression. Selon RSF, six journalistes sont actuellement emprisonnés en Éthiopie, classée 145ᵉ sur 180 pays dans l’index mondial de la liberté de la presse, en baisse de quatre places par rapport à l’année précédente.
Malgré l’espoir suscité par l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed en 2018, salué alors pour son ouverture, les observateurs dénoncent aujourd’hui une « reprise en main du champ de l’information » par le pouvoir. Les arrestations de journalistes se sont multipliées ces derniers mois, même si certains ont ensuite été relâchés.
Un climat politique tendu à l’approche des élections
Ces développements interviennent alors que le pays se prépare à des élections législatives prévues pour juin 2026. Les ONG craignent que le durcissement vis-à-vis de la presse n’annonce une période de forte restriction des libertés civiles, au moment où les autorités cherchent à contrôler le discours public.