
Au Niger, le journaliste Hassane Zada a été condamné à trente mois de prison pour avoir critiqué le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani. Une peine lourde qui illustre la répression grandissante contre la presse depuis le coup d’État de 2023. Déjà fragilisée par plusieurs arrestations récentes, la liberté d’expression se rétrécit à mesure que le régime militaire verrouille la transition politique.
Le Niger vient de condamner l’un de ses journalistes les plus connus à deux ans et demi de prison ferme. Hassane Zada, directeur du journal Toubal Info et correspondant de la télévision privée Canal 3, a été reconnu coupable d’« injures » contre le général Abdourahamane Tiani, chef du régime militaire. Ce verdict illustre un climat de plus en plus étouffant pour la presse nigérienne depuis le coup d’État de 2023.
Un verdict lourd pour des propos diffusés sur WhatsApp
Mardi 16 septembre, le tribunal de Niamey a prononcé une peine de trente mois de prison ferme et une amende de deux millions de francs CFA, soit plus de 3 000 euros, à l’encontre d’Hassane Zada. Il était poursuivi pour « diffusion de données de nature à troubler l’ordre public, injure et diffamation » après la fuite sur WhatsApp d’un enregistrement audio dans lequel il tenait des propos jugés offensants contre le général Tiani.
Arrêté le 25 août et placé sous mandat de dépôt, le journaliste avait pourtant présenté publiquement ses excuses dans un autre message audio. Le parquet avait requis cinq ans de prison, mais la peine est restée en-deçà de cette demande.
D’une figure de la société civile à prisonnier politique
Outre ses fonctions journalistiques, Hassane Zada était coordinateur régional du mouvement M62, une plateforme de la société civile initialement favorable au régime militaire. Il en a été radié après son arrestation. Pour sa famille et ses soutiens, cette condamnation illustre la volonté des autorités de faire taire toute critique, même issue de leurs propres rangs.
Le cas de Zada n’est pas isolé. Début septembre, Ali Soumana, directeur du journal Le Courrier, a été incarcéré après une plainte du Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine, en lien avec une enquête sur une fraude massive aux cigarettes. En juin, deux journalistes de la radio Sahara FM avaient également été arrêtés et accusés de « complot contre l’autorité de l’État ».
Selon Amnesty International, les violations des droits civils et politiques se multiplient au Niger depuis le putsch du 26 juillet 2023, qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum. Reporters sans frontières (RSF) a récemment classé le pays à la 83ᵉ place mondiale pour la liberté de la presse, en recul de trois positions par rapport à 2024.
Une transition de plus en plus verrouillée
Pour de nombreux observateurs, la condamnation d’Hassane Zada envoie un signal clair : les autorités militaires ne tolèrent aucune remise en cause de leur pouvoir. En restreignant la liberté de la presse et en multipliant les poursuites judiciaires contre les journalistes, le régime du général Tiani s’éloigne un peu plus des engagements de retour à l’ordre constitutionnel pris après le coup d’État.