DJ M.A.K aux platines !


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En plein mix...

Makamoussou Traoré, 26 ans, mixe depuis 4 ans. Elle est l’une des rares filles à avoir su s’imposer aux platines dans la catégorie hip hop. Mais la demoiselle préfère être reconnue comme un DJ tout court. Passionnée de rap américain, elle nous explique comment elle a découvert cet univers.

DJ M.A.K. Derrière ce nom de scène, se cache, non pas un mec mais une jolie fille de 26 ans ! De son vrai nom Makamoussou Traoré, elle est née à Paris de parents maliens et est DJ hip hop depuis 4 ans. Découverte.

Afrik : Comment es-tu devenue DJ ?

DJ M.A.K. :
A force d’aller en soirée, et de voir les DJ passer leurs disques et jouer avec les platines, ça m’a donné envie. A l’époque, avec mes copines, on sortait beaucoup au Slow Club, à Châtelet, pour les soirées hip hop. Il y avait DJ Spank que j’adore ! Ces soirées étaient géniales car les gens venaient vraiment pour la musique. Quand j’ai décidé de m’y mettre, j’ai demandé à un ami de m’apprendre. Je voulais absolument essayer, même s’il n’y avait pas vraiment de fille dans le milieu ! Ma première soirée a été une soirée étudiante. Avant de commencer de mixer, j’avais les mains qui tremblaient ! Au début je faisais des guest, avec seulement un ou deux sets par soirée, puis le bouche-a-oreille a fonctionné et maintenant on m’appelle pour diverses soirées, en France et à l’étranger.

Afrik : Quelles musiques mixes-tu ?

DJ M.A.K. :
Le hip hop ! J’aime le son de New-York, L.A., d’un peu partout à vrai dire et je mixe aussi du R’n’b. Certains DJ ne passent que des nouveautés, moi je mélange. Je remonte jusqu’aux années 80-90.

Afrik : Comment s’est passé l’apprentissage du mix ?

DJ M.A.K. :
Les premières fois ont été difficiles. Il faut apprendre à caler les disques, les rythmes, les caisses claires. En fait, mon ami, DJ MOSS, m’a d’abord appris à écouter. Ce qui est une très bonne technique. Parfois, pendant 2 heures, je ne faisais qu’écouter du son et il me faisait rechanter les mélodies derrière. Il faut connaître la musique pour bien mixer. Il faut aussi ressentir le truc, avoir une certaine sensibilité pour faire les enchaînements qui donnent une touche personnelle. Je recherche avant tout le côté artistique de la musique. Donc je scratche mais la technique n’est pas mon but. Moi ce qui m’intéresse, c’est de voir des gens kiffer et crier sur les enchaînements de musique que je fais !

Afrik : Tu prépares tes sets ?

DJ M.A.K. :
Pas vraiment. Je préfère l’improvisation ! C’est sur le moment que tu penses à plus de choses, que tu imagines des enchaînements. Et puis il faut savoir s’adapter au public. Par exemple, si je vois qu’il y a une majorité de filles, je sais que je vais devoir mixer du R’n’b. Même pour un set de ¾ d’heure, j’amène au moins 60 disques, comme ça je suis tranquille.

Afrik : Pas trop dur d’être une fille qui mixe du rap ?

DJ M.A.K. :
Au début, on me regardait bizarrement. C’est un milieu macho et plein d’a priori. Les mecs étaient sceptiques. Mais j’ai utilisé leur méthode : je me suis installée petit à petit. Certaines filles DJ ont été lancées très vite parce qu’elles étaient épaulées par des producteurs. Moi, j’ai fait ça en douceur pour être reconnue en tant que « DJ » et pas en tant que « fille DJ ». En revanche, quand je mixe, je joue sur le contraste en m’habillant « en fille » ! Jupes, talons… ça ne me pose aucun problème ! Mais il arrive que certaines personnes restent à mes côtés pour me regarder tellement ça leur fait bizarre ! Quant aux DJ hommes, ça dépend des caractères. Certains aiment bien mettre leur grain de sel dans ton set, touchent un bouton en passant pour montrer qu’ils savent bien faire… Et puis avec d’autres ça se passe très bien, comme mes deux compères des soirées Golden Years, DJ Trem et DJ Loud.

Afrik : Quelles relations as-tu avec les autres filles DJ ?

DJ M.A.K. :
Aujourd’hui, on doit être cinq filles à mixer hip hop. Pour moi, il n’y a pas de concurrence, ce sont les gens qui aiment nous mettre en concurrence… Je suis sûre que plein de filles vont arriver d’ici quelques années. C’est comme tout, il faut un début. Pour le moment, c’est vrai que ça met une touche d’originalité quand on est une fille car on est peu.

Afrik : Que penses-tu des DJ qui « mixent » des CD ?

DJ M.A.K. :
Ils sont assez restreints….sauf ceux qui ont les nouvelles Denon. Leurs platines CD ne leurs permettent pas de tout faire… Dans les boîtes de nuit, il y en a beaucoup qui font ça. Moi j’aime trop le vinyl ! J’aime aller à la recherche du morceau sur le disque, c’est ça l’esprit hip hop ! J’aime aussi aller à la recherche du vinyl rare, alors que pour les CD, tu vas sur Internet, tu télécharges, tu graves et c’est bon. Moi j’écume les boutiques de Paris et je ramène des disques de mes voyages. Je me rappelle notamment d’un magasin à Miami, Blue Note Record, dans lequel je suis restée des heures !

Afrik : Tu as des soirées régulières ?

DJ M.A.K. :
La deuxième semaine de chaque mois, j’anime, avec DJ Trem et DJ Loud, les Golden Years aux Coulisses, au pied du Sacré-Cœur. La prochaine c’est le 14 janvier.

Afrik : En plus de cette activité de DJ, tu es à l’origine d’une association…

DJ M.A.K. :
J’ai créé Talents d’artistes avec une amie, Rose, en 1998, pour mettre en avant des gens qui n’avaient pas la possibilité de s’exprimer. On a une chorale gospel à Saint-Denis, dont on fait partie. Et on aide à l’organisation d’événements. On a notamment collaboré avec Ivoir Prod pour organiser les Jokes Sessions. En 2000, on a organisé un festival hip hop à Villetaneuse qui s’appelait « Tour d’horizon ». Pour faire découvrir toutes les disciplines du hip hop, le graph’, la danse… On voulait faire comprendre que le hip hop ce n’est pas juste s’habiller en baggy. C’est un concept, une philosophie. On va continuer à faire ce « Tour d’horizon » dans des événements qui vont arriver très prochainement.

Afrik : Comment t’est venue cette passion pour le hip hop en général et le rap en particulier ?

DJ M.A.K. :
J’ai découvert le hip hop avec mon prof de danse, Nabil, à Saint-Denis, un des précurseurs du hip hop en France. On ne faisait pas vraiment de chorégraphies avec lui : il nous apprenait les bases et nous parlait beaucoup de la culture hip hop. Il nous a fait prendre conscience de nos corps et fait comprendre que la danse hip hop c’est une façon de s’affirmer, de dire « j’existe ». Il m’a fait découvrir la danse mais pas seulement : il y avait aussi la culture et l’état d’esprit.

 Au menu de la prochaine Golden Years du 14 janvier : Hip Hop, R’n’B et New Jack des années 90.

DJ M.A.K. Golden Years Playlist :

Gangstarr – Caught Up

Mary J BLige – Real Love

Naughty By Nature – Hip Hop Hooray

ONYX – Slam

KRS ONE – MC’s act like they don’t know

Mobb Deep – G.O.D. Pt. III

Rottin Razkals – oh Yeah

Bobby Brown – Don’t be cruel

Rajaneé – Turn it up

SWV – Right Here

 Soirées Golden Years, aux Coulisses, au pied du Sacré-Cœur, 5 rue du Mont-Cenis 75018 Paris.

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