Décès du cinéaste algérien Mohamed Lakhdar-Hamina, le cinéma perd un géant salué à Cannes


Lecture 5 min.
Mohamed Lakhdar Hamina
Mohamed Lakhdar Hamina

Mohamed Lakhdar-Hamina, réalisateur algérien légendaire, s’est éteint ce samedi 24 mai 2025, exactement 50 ans après avoir remporté la Palme d’Or à Cannes. Un dernier clin d’oeil alors que le Festival va remettre aujourd’hui son palmarès 2025.

Mohamed Lakhdar-Hamina, figure emblématique du cinéma algérien et mondial, est décédé ce vendredi 23 mai 2025, dans une coïncidence saisissante : exactement cinquante ans après avoir reçu la Palme d’Or au Festival de Cannes pour son chef-d’œuvre « Chronique des années de braise ». Un décès annoncé le jour même où se déroule la cérémonie de clôture du Festival 2025.

Un monument du septième art

Né en 1934 à M’Sila, Mohamed Lakhdar-Hamina avait marqué l’histoire du cinéma en devenant, le 23 mai 1975, le premier réalisateur arabe et africain à remporter la prestigieuse Palme d’Or cannoise. Cette distinction internationale avait couronné « Chronique des années de braise », fresque épique retraçant la guerre d’indépendance algérienne, œuvre qui reste aujourd’hui encore une référence du cinéma engagé.

« C’est avec une immense tristesse et une profonde affliction que le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, a appris la disparition du monument du cinéma mondial, le grand réalisateur Mohamed Lakhdar-Hamina, survenue à la veille de la célébration par l’humanité du cinquantième anniversaire de sa Palme d’or remportée au Festival de Cannes« , a déclaré le président algérien dans son message de condoléances. Des hommages de l’ensemble de la profession commencent à être transmis dans l’attente du discours de cloture du Festival 2025 qui ne manquera pas de le saluer.

Un parcours d’exception

Formé à l’École supérieure de cinéma de Prague dans les années 1960, Lakhdar-Hamina était rentré en Algérie après l’indépendance avec la mission de développer un cinéma national authentique. Dès 1966, il signait « Le Vent des Aurès », premier long-métrage algérien de fiction, qui remportait déjà le Prix de la première œuvre à Cannes.

Son œuvre cinématographique, profondément ancrée dans l’histoire de son pays, comptait notamment « Opération Maillot » (1971) et plusieurs documentaires qui ont contribué à faire connaître la culture algérienne au monde entier. Mais c’est bien « Chronique des années de braise » qui demeure son testament artistique, une œuvre de trois heures retraçant avec une puissance visuelle saisissante la résistance du peuple algérien face à la colonisation française.

L’engagement d’un moudjahid

Au-delà de ses talents de cinéaste, Mohamed Lakhdar-Hamina était également un acteur de l’indépendance algérienne. « Le défunt, avant d’être un cinéaste créatif de renommée internationale ayant marqué l’histoire du septième art de son empreinte indélébile, fut un moudjahid fier et engagé, ayant contribué à la libération de sa patrie à travers des images et des scènes qui ont transmis à l’humanité les épopées de la Révolution algérienne« , a souligné le président Tebboune.

Cette double casquette de combattant et d’artiste conférait à son œuvre une authenticité et une force émotionnelle particulières, faisant de lui un témoin privilégié de l’histoire de son pays.

Un précurseur du cinéma de résistance

L’œuvre de Mohamed Lakhdar-Hamina résonne avec une actualité particulière en cette édition 2025 du Festival de Cannes, où plusieurs films traitant de résistance et de luttes d’émancipation ont marqué la sélection officielle. Précurseur du cinéma de résistance, le réalisateur algérien avait ouvert la voie à une tradition cinématographique qui continue d’inspirer les créateurs contemporains, démontrant que le septième art demeure un vecteur puissant de témoignage historique et de conscience politique.

Son approche esthétique, mêlant réalisme documentaire et lyrisme épique, a établi les codes d’un genre qui trouve aujourd’hui un nouvel écho face aux défis géopolitiques actuels. « Chronique des années de braise » demeure une référence incontournable pour comprendre comment le cinéma peut transformer l’histoire en art universel.

Directeur de l’Office national pour le commerce et l’industrie cinématographiques (ONCIC), Mohamed Lakhdar-Hamina avait également joué un rôle institutionnel majeur dans le développement du cinéma algérien post-indépendance. Son influence dépassait largement les frontières de l’Algérie, inspirant toute une génération de cinéastes du monde arabe et africain.

La disparition du réalisateur intervient alors que le Festival de Cannes 2025 bat son plein, rappelant cruellement ce triomphe de 1975 qui avait propulsé le cinéma algérien sur la scène internationale. Cette coïncidence temporelle confère à sa mort une dimension symbolique particulière, comme si l’histoire du cinéma venait rendre un dernier hommage à l’un de ses grands maîtres.

« En cette pénible perte et douloureuse circonstance, Monsieur le Président adresse à la famille du défunt, à la famille révolutionnaire, ainsi qu’à la famille du cinéma algérien et international, ses condoléances les plus sincères et l’expression de sa profonde compassion« , a conclu le président Tebboune dans son message officiel.

Masque Africamaat
Spécialiste de l'actualité d'Afrique Centrale, mais pas uniquement ! Et ne dédaigne pas travailler sur la culture et l'histoire de temps en temps.
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News