
Le Kenya traverse une semaine de deuil national après l’annonce du décès de Raila Odinga, chef historique de l’opposition. Mort à l’âge de 80 ans en Inde, ce vétéran de la vie politique kényane laisse derrière lui un vide profond, aussi bien dans l’arène politique que dans la mémoire collective du pays.
Le mercredi 15 octobre 2025, la nouvelle est tombée : Raila Odinga, l’un des visages les plus emblématiques de la politique au Kenya, est décédé alors qu’il se trouvait dans l’État du Kerala, au sud de l’Inde. Selon les premières informations confirmées par la police locale, il s’est effondré lors d’une promenade matinale avant d’être transporté d’urgence dans un hôpital ayurvédique, où il a été déclaré mort. La cause du décès serait liée à une détresse respiratoire aiguë.
Hommage solennel à un « géant de la démocratie »
Ce décès a immédiatement déclenché une onde de choc au Kenya. Le président en exercice, William Ruto, a décrété sept jours de deuil national, marquant ainsi la reconnaissance officielle du rôle exceptionnel joué par Odinga dans l’histoire du pays. Dans une déclaration solennelle depuis le palais présidentiel, William Ruto a salué la mémoire d’un homme qu’il a qualifié de « géant de la démocratie », « combattant infatigable pour la liberté » et « défenseur de la bonne gouvernance ».
Malgré leurs différends politiques, les deux hommes avaient dernièrement affiché un rapprochement stratégique. Durant la période de deuil, le drapeau kényan est mis en berne dans tout le pays ainsi que dans les ambassades à l’étranger. Des cérémonies officielles sont prévues dans les jours à venir, en attendant les détails sur les obsèques nationales.
Parcours marqué par la résilience et la lutte
Né en 1945, Raila Odinga était le fils de Jaramogi Oginga Odinga, ancien vice-président et lui-même figure marquante de l’après-indépendance. Le destin politique de Raila semblait tout tracé, mais son chemin fut semé d’embûches. À plusieurs reprises, il fut emprisonné ou contraint à l’exil, notamment sous le régime autoritaire de Daniel Arap Moi.
Premier ministre entre 2008 et 2013, Raila Odinga s’est présenté à cinq reprises à l’élection présidentielle, sans jamais accéder au pouvoir suprême. Pourtant, il n’a jamais cessé de peser sur la vie politique, s’imposant comme la voix principale de l’opposition et le porte-drapeau de la démocratie multipartite au Kenya.
Une disparition qui redistribue les cartes politiques
L’absence brutale de Raila Odinga bouleverse le paysage politique à l’approche de la Présidentielle de 2027. Charismatique, populaire et profondément enraciné dans la deuxième communauté ethnique du pays, les Luo, il représentait un point d’ancrage pour de nombreux électeurs. Sa mort laisse l’opposition sans leader naturel ni stratégie claire.
Barrack Muluka, analyste politique kényan, estime que « personne ne peut égaler son aura politique », affirmant que l’alliance en gestation entre Odinga et Ruto est désormais « morte et enterrée ». Ce retournement laisse planer l’incertitude sur les coalitions futures et ouvre la voie à de nouveaux rapports de force.
Qui pour succéder à Odinga dans l’opposition kényane ?
La question importante reste de savoir qui peut succéder à Odinga au sein de l’opposition. Son absence pourrait entraîner une fragmentation des partis qui lui étaient fidèles ou encore l’émergence de nouveaux visages politiques. Toutefois, l’ombre de « Baba », comme l’appelaient affectueusement ses partisans, risque de planer longtemps sur la scène politique. Sans Odinga, le Kenya entre dans une période d’incertitude.
Alors que les tensions sociales et économiques s’accentuent, notamment autour du coût de la vie et de la gestion des ressources publiques, l’absence d’un contre-pouvoir crédible pourrait exacerber les clivages. Au-delà des débats partisans, l’héritage de Raila Odinga ne se limite pas au Kenya. Il a été une figure clé dans la consolidation de la démocratie en Afrique de l’Est, participant à plusieurs médiations régionales et plaidant pour une meilleure intégration continentale.
Vide laissé par Raila Odinga
Sa candidature au poste de président de la Commission de l’Union africaine en début d’année, bien que non couronnée de succès, illustre son envergure internationale. Sa disparition marque la fin d’une époque. Le décès de Raila Odinga plonge le Kenya dans le deuil. En décrétant une semaine de deuil national, le gouvernement reconnaît l’importance de cet homme dans l’histoire contemporaine du Kenya. Alors que les regards se tournent déjà vers l’élection de 2027, le vide laissé par Odinga risque de transformer la scène politique kényane. Sur une longue période