Cybercriminalité en Afrique : 1209 arrestations lors d’une vaste opération coordonnée par Interpol


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Cyberattaque
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Interpol a annoncé une vaste opération contre la cybercriminalité menée à l’échelle du continent africain. Intitulée Serengeti 2.0, cette initiative coordonnée, qui s’est déroulée entre juin et août 2025, a permis l’arrestation de 1 209 personnes dans plusieurs pays. Une mobilisation sans précédent, dans un contexte où la cybercriminalité représente désormais plus de 30% des crimes signalés en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. À travers ce coup de filet, les autorités locales et internationales cherchent à enrayer une menace numérique en constante mutation.

L’opération a impliqué les forces de police de dix-huit pays africains, en partenariat avec le Royaume-Uni et sous la coordination d’Interpol. Ce dispositif transfrontalier a permis de récupérer près de 97,4 millions de dollars issus d’activités frauduleuses. En parallèle, les autorités ont réussi à démanteler plus de 11 400 infrastructures malveillantes. Les images diffusées par Interpol témoignent de l’ampleur de l’opération : des milliers de disques durs saisis, des passeports congolais et zambiens contrefaits confisqués, ou encore des mini-centrales électriques utilisées pour alimenter des fermes de minage de cryptomonnaie.

45 mini-centrales électriques saisies

Deux pays, notamment, ont été au cœur des découvertes les plus marquantes. En Angola, les autorités ont démantelé 25 fermes de minage de cryptomonnaies dans lesquelles travaillaient soixante ressortissants chinois. Ces installations, mises en place pour valider des transactions numériques de manière illégale, étaient alimentées par 45 mini-centrales électriques également saisies lors des perquisitions. Le matériel confisqué, évalué à près de 37 millions de dollars, a été réaffecté par le gouvernement angolais à la distribution d’électricité dans les zones rurales.

En Zambie, les enquêteurs ont mis fin à un important réseau de fraude à l’investissement. Les escrocs encourageaient leurs victimes à investir dans des cryptomonnaies à travers de fausses campagnes publicitaires. Une fois les internautes piégés, les liens et applications fournis permettaient de voler leurs données personnelles et bancaires. Interpol estime que cette arnaque aurait fait environ 65 000 victimes, pour un préjudice global de 300 millions de dollars.

30% des actes criminels enregistrés désormais liés à la cybercriminalité

Le phénomène de la cybercriminalité prend aujourd’hui des formes multiples sur le continent africain. Enrique Hernandez Gonzalez, sous-directeur de la cybercriminalité à Interpol, cite notamment les escroqueries en ligne, les sextorsions numériques, les attaques par rançongiciel et la compromission des boîtes email professionnelles. Ces pratiques, autrefois réservées à des individus dotés de compétences techniques poussées, se démocratisent grâce à des outils toujours plus accessibles, souvent basés sur l’intelligence artificielle. Cela permet à des cybercriminels peu expérimentés de se lancer dans des activités frauduleuses avec une efficacité redoutable.

Interpol a publié, en juin 2025, un rapport inquiétant, révélant que plus de 30% des actes criminels enregistrés en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale sont désormais liés à la cybercriminalité. Ce constat alarmant a poussé les États concernés à renforcer leur coopération. Dès le mois de juin, les forces de l’ordre des 18 pays impliqués dans l’opération se sont réunies pour identifier les principales menaces, définir une stratégie commune, et échanger des renseignements clés. L’implication d’acteurs privés du secteur numérique a également joué un rôle important dans la détection des infrastructures criminelles et la localisation des suspects.

Arrestation de 306 suspects dans sept pays africain

Interpol insiste sur son rôle de coordination, laissant aux polices nationales la responsabilité de mener les enquêtes et les arrestations sur le terrain. « Nous faisons en sorte que les informations arrivent aux bons destinataires », explique Enrique Hernandez Gonzalez, soulignant que la réussite de cette opération repose sur une circulation fluide et rapide des données entre les différents acteurs engagés.

L’opération Serengeti 2.0 s’inscrit dans une série d’actions coordonnées déjà menées sur le continent. Quelques mois plus tôt, entre novembre 2024 et mars 2025, une autre opération baptisée Red Card avait permis l’arrestation de 306 suspects dans sept pays africains. Cette opération visait des formes variées de piratage informatique, de fraude par téléphonie mobile, et de détournement de services bancaires numériques. Les systèmes de banques mobiles, largement utilisés en Afrique pour les transactions du quotidien, sont en effet devenus une cible de choix pour les cybercriminels.

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