
Alors que le Congo-Brazzaville affiche ses ambitions vertes lors du premier congrès mondial des peuples autochtones des grands bassins forestiers, un projet pétrolier controversé menace le parc national de Conkouati-Douli.
Les ONG s’insurgent contre une initiative jugée destructrice pour la biodiversité et les droits des populations autochtones.
Un permis qui fait tache dans les engagements écologiques du Congo
Le permis « Niambi », objet du projet de décret, couvrirait une période d’exploration de quatre ans, renouvelable deux fois. Il a été vivement dénoncé par des figures du monde associatif comme Christian Mounzeo, coordonnateur de la RPDH, qui y voit un « double discours » de l’État congolais. D’un côté, Brazzaville revendique une posture de leader environnemental à l’international, de l’autre, il autoriserait des projets contraires aux objectifs de protection de la biodiversité. Pour les ONG, cette incohérence affaiblit la crédibilité des engagements du Congo, notamment son ambition de protéger 30 % de son territoire terrestre et marin d’ici 2030.
Les peuples autochtones et les communautés locales écartés
Le parc de Conkouati-Douli, qui abrite près de 7000 habitants répartis dans une trentaine de villages, est un lieu vital pour les peuples autochtones. Ces communautés, dépendantes des ressources forestières et marines, n’auraient pas été consultées sur ce projet d’exploration, comme le souligne Kim Aumonier de la Rainforest Foundation UK. L’absence de consentement libre, préalable et éclairé, ainsi que l’absence d’étude d’impact environnemental, constituent des violations graves des procédures internationales en matière de droits humains et de gouvernance environnementale. Le projet menace directement les droits fonciers, les moyens de subsistance et les traditions de ces populations.
Un risque pour la biodiversité et les engagements internationaux
Le parc national de Conkouati-Douli est reconnu pour sa biodiversité exceptionnelle, notamment comme habitat naturel des gorilles, éléphants, dauphins, tortues marines et autres espèces menacées. L’introduction d’activités pétrolières dans cette zone fragilise non seulement ces écosystèmes mais remet en cause la loi congolaise de 2011 sur les peuples autochtones, ainsi que les engagements du pays au titre des conventions internationales sur la biodiversité et les droits de l’homme. Les ONG demandent non seulement le retrait de ce décret, mais également l’interdiction de toute exploitation minière dans l’ensemble du parc.
Un appel pressant au président Sassou Nguesso
Dans une déclaration commune, les ONG ont lancé un appel solennel au président Denis Sassou Nguesso afin qu’il ne signe pas ce décret controversé. Elles exigent également que les partenaires internationaux du Congo conditionnent leur aide financière à la mise en œuvre de politiques réellement protectrices de l’environnement et des droits humains. Ce bras de fer autour du parc de Conkouati-Douli pose une question fondamentale : le développement économique doit-il se faire au prix de la destruction d’un patrimoine naturel et humain unique ? Pour de nombreux défenseurs de la nature, la réponse est non.