
Dans une manœuvre aussi cynique qu’inhumaine, le Président américain Donald Trump poursuit, en cette fin d’année 2025, son entreprise de démolition des principes fondamentaux du droit international et des droits humains, en expulsant des migrants africains vers des pays où ils n’ont souvent aucun attachement réel. Mais plus consternant encore est le rôle joué par certains dirigeants africains, à commencer par le Président ghanéen John Dramani Mahama, qui acceptent de jouer les sous-traitants d’une politique migratoire raciste, brutale, et indéfendable.
Accueillir des expulsés des États-Unis
Trump, fidèle à sa ligne dure et populiste, a fait de la chasse aux immigrés une vitrine électoraliste. Rien de nouveau, si ce n’est que cette fois, il ne se contente plus d’expulser les sans-papiers vers leur pays d’origine : il les externalise, les délocalise, les déporte vers des États tiers, dans un mépris absolu des trajectoires de vie, des droits fondamentaux et des attaches familiales de ces personnes.
Et pendant ce temps, Mahama, dans un exercice d’indécence diplomatique, affiche une docilité navrante. Le Président ghanéen a annoncé, le 10 septembre, que son pays acceptait d’accueillir des ressortissants d’Afrique de l’Ouest expulsés des États-Unis. Pas des Ghanéens, non. Des Ouest-Africains, indistinctement. Qu’ils soient Nigérians, Gambiens, Bissau-Guinéens ou Burkinabés, le Ghana, sur ordre de Washington, leur servira de salle d’attente ou de zone tampon.
Région déjà marquée par les déplacements forcés
Un espace de transit pour apatrides forcés, un centre de répartition humain dans une Afrique de l’Ouest traitée comme une arrière-cour géopolitique. Mahama tente de justifier cette décision en invoquant la libre circulation au sein de la CEDEAO. « Ils n’ont pas besoin de visa pour venir », dit-il, comme s’il s’agissait là d’un visa touristique, d’un retour volontaire ou d’un simple passage. Il oublie commodément de préciser que ces personnes n’ont pas choisi d’atterrir à Accra. Elles y sont envoyées de force.
Et dans de nombreux cas, elles n’ont jamais mis les pieds au Ghana, ne parlent pas la langue, n’y ont ni famille, ni repères. Qu’importe : pour le Président ghanéen, il suffit que les Ouest-Africains soient « nos camarades » pour justifier de faire d’Accra un hub de l’exil imposé. Quelle ironie, dans une région déjà marquée par les déplacements forcés dus aux conflits, aux crises climatiques et à la pauvreté.
Même brutalité bureaucratique que le Royaume-Uni
Ce n’est pas la première fois que Trump instrumentalise des États pauvres pour blanchir sa politique migratoire agressive. Le Rwanda, l’Eswatini, le Soudan du Sud : autant de pays qui, en échange de promesses économiques ou de soutiens diplomatiques, ont accepté de devenir les terrains d’expérimentation d’une forme de néocolonialisme migratoire. L’idée ? Se débarrasser des indésirables sans en assumer la responsabilité morale ou politique. Exporter les conséquences de la xénophobie américaine.
Ce deal entre Accra et Washington en est une nouvelle illustration. Et ce n’est pas sans rappeler un autre sinistre épisode : celui du Royaume-Uni et de son projet d’envoyer les demandeurs d’asile au Rwanda. Même logique, même brutalité bureaucratique, même mépris pour la dignité humaine. La question centrale ici est simple : à quel prix les dirigeants africains sont-ils prêts à se vendre ? Car il ne faut pas être naïf. Ce genre d’accord ne se fait pas sans contrepartie.
L’Afrique ne peut pas servir de poubelle diplomatique
En acceptant d’héberger des migrants que personne ne veut, Mahama espère sans doute des aides budgétaires, des programmes de développement, un soutien diplomatique pour son pays… ou pour sa carrière. Mais à quel coût moral ? À quel prix pour l’image du Ghana, jadis symbole du panafricanisme et de la souveraineté africaine ?
L’Afrique ne peut pas continuer à se prêter à ces jeux indignes. Elle ne peut pas servir de poubelle diplomatique pour les délires identitaires de chefs d’État occidentaux en mal de popularité. Accepter cela, c’est participer à l’humiliation de ses propres enfants. C’est institutionnaliser l’idée que les vies africaines peuvent être déplacées comme des pions, sans égard pour leur histoire, leur volonté, leur dignité.
La dignité n’a pas de prix
Et à tous ceux qui invoqueraient la solidarité ouest-africaine pour justifier cette politique, rappelons que la solidarité ne se décrète pas à coups de charters d’expulsés. Elle se construit par des choix politiques dignes, respectueux, souverains. Accueillir quelqu’un par solidarité, ce n’est pas obéir à une injonction venue de Washington. C’est décider soi-même, dans le respect des personnes concernées, de construire des solutions humaines et durables.
Il est temps que les peuples africains réclament des comptes à leurs dirigeants. Il est temps de dire à Trump que l’Afrique ne sera pas le dépotoir de sa haine. Et il est temps de dire à Mahama que la dignité n’a pas de prix, et qu’en l’occurrence, il l’a bradée pour bien moins qu’elle ne vaut.