CHAN 2025 : amertume et désillusion à Dakar après l’élimination des Lions locaux par le Maroc


Lecture 4 min.
Sénégal vainqueur du CHAN
Sénégal vainqueur du CHAN

Le coup de sifflet final à Kampala n’a pas seulement signifié l’élimination du Sénégal au Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2025. Il a également résonné comme une claque pour tout un peuple qui espérait voir ses Lions conserver leur couronne. Entre colère, tristesse et déception, les Sénégalais ne cachent pas leur amertume après la cruelle défaite face au Maroc aux tirs au but (1-1, 5-3 aux TAB).

Dakar, Sénégal

Dans les rues de Dakar, les commentaires fusent, après la défaite des lions du Sénégal face aux Lions du Maroc. Si certains saluent le parcours honorable de l’équipe, d’autres dénoncent un manque de réalisme et pointent du doigt des choix tactiques contestables. Pour saisir l’ampleur de la déception, nous avons tendu notre micro à plusieurs citoyens, issus de différents milieux.

Mamadou Diouf, enseignant d’histoire-géographie dans un lycée de Pikine

« J’ai encore du mal à digérer cette élimination. Franchement, les garçons ont bien commencé, mais ils ont manqué de lucidité. Comment peut-on ne pas concrétiser certaines occasions nettes à ce niveau ? Le Maroc, eux, ont été plus sereins, plus intelligents dans la gestion du match. C’est cruel, mais c’est la réalité du football. En tant qu’enseignant, je parle souvent de l’histoire des grandes nations sportives africaines. Cette défaite nous rappelle que rien n’est acquis, même quand on est tenant du titre ».

Aïssatou Ndoye, gérante de multiservice à Grand-Yoff

Installée derrière son comptoir, les bras croisés, Aïssatou ne cache pas sa frustration. « Non mais vraiment, c’est trop dur. J’avais misé sur cette équipe. À chaque match, je décorais ma boutique avec les couleurs nationales, j’avais même mis un écran pour suivre la compétition avec mes clients. On y croyait tous. Mais après les tirs au but… j’ai éteint l’écran. Ce qui me fait mal, c’est qu’on avait le match en main. Mais bon, le football est ainsi. J’espère qu’on en tirera les leçons ».

Khadija Sarr, élève en terminale L à Rufisque

Les yeux encore rougis par les larmes de la veille, Khadija s’exprime avec émotion. « J’ai pleuré. Oui, j’avoue. Ce n’était pas juste une équipe de foot, c’était l’espoir de tout un pays. On rêvait tous de revivre l’émotion de la victoire en 2022. Mon père avait organisé une petite fête pour regarder la demi-finale en famille. Mais au final, ce sont les tirs au but qui ont tout gâché. Je suis triste, mais aussi fière. Nos joueurs se sont battus. Ils méritaient mieux ».

El Hadji Gaye, commerçant au marché Sandaga

Dans le tumulte du marché, El Hadji reste amer. « Le Sénégal avait tout pour passer. Le but de Samb, c’était magnifique ! Mais après, on a reculé, on a laissé le Maroc revenir. Et franchement, leur égalisation est arrivée trop vite. Dans ce genre de match, il faut savoir « tuer » l’adversaire. J’ai vu une équipe sénégalaise avec du cœur, oui, mais pas assez de stratégie. Et en tirs au but, c’est toujours la loterie. Là, on a perdu. Et c’est un goût très amer ».

Ibrahima Sow, marchand ambulant dans les rues de Dakar

Poussant son chariot rempli de téléphones et d’accessoires, Ibrahima partage son sentiment avec philosophie. Moi, je suis triste comme tout le monde, mais je ne vais pas jeter la pierre aux joueurs. Ils ont tout donné. On a vu du bon football. Le Maroc, ce n’est pas n’importe qui. Ils ont beaucoup d’expérience, et ça a fait la différence. Maintenant, il faut se préparer pour les prochaines compétitions. Ce n’est pas la fin du monde. Mais bon… c’est toujours dur de perdre comme ça ».

Une défaite cruelle, mais une passion intacte

Partout au Sénégal, cette élimination a touché au cœur une population passionnée de football. De Ziguinchor à Saint-Louis, des débats s’enflamment sur les plateaux télévisés, dans les salons de coiffure, sur les réseaux sociaux et au coin des rues. L’épopée des Lions du Sénégal s’est arrêtée brutalement, mais elle a rappelé à tous combien le football reste un vecteur d’unité nationale.

Même si le rêve d’un doublé continental s’est envolé à Kampala, l’amour du maillot reste intact. Les Lions locaux peuvent compter sur le soutien de tout un peuple pour rebondir, avec la conviction que chaque échec est aussi une leçon pour bâtir l’avenir. Prochain rendez-vous : reconstruire, réinventer, reconquérir.

Avatar photo
Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News