Ces pays du Maghreb s’imposent sur la scène internationale de l’huile d’olive premium


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huile d'olive
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Entre le 22 mai et le 1er juin 2025, les prestigieux concours printaniers d’huile d’olive ont confirmé l’ascension du Maghreb sur l’échiquier oléicole mondial. Maroc, Tunisie et Algérie multiplient les distinctions et confirment leur montée en gamme structurelle.

Alors que les principaux concours printaniers de l’hémisphère Nord viennent de boucler leurs résultats, le Maghreb se distingue avec une visibilité accrue. Le Maroc, la Tunisie et l’Algérie confirment leur progression constante et se placent désormais comme des acteurs incontournables de l’oléiculture de qualité. Voici un tour d’horizon des faits marquants de ces dix derniers jours.

NYIOOC 2025 : la Tunisie et le Maroc confirment leur excellence

Le palmarès américain de New-York publié le 30 mai révèle des résultats particulièrement encourageants pour la région maghrébine. La Tunisie décroche au total douze médailles avec une médaille d’or et onze médailles d’argent, tandis que le Maroc obtient une médaille d’or et une médaille d’argent, consolidant ainsi leur position sur ce concours de référence mondiale.

Parmi les moments forts de cette édition, la Tunisie se distingue notamment grâce à la jeune marque Olyfo qui décroche l’argent avec sa cuvée intitulée « 2500 Years of Tradition ». Du côté marocain, la Picholine bio Noor Fès s’offre l’or, témoignant du bond qualitatif des terroirs du Pré-Rif. Le silver revient quant à lui à Zouitina Prestige, issue de la plaine de Saïs, confirmant la diversité géographique des succès marocains.

Mario Solinas 2025 et Berlin GOOA : une représentation maghrébine historique

Lors de la cérémonie du 22 mai à Madrid, l’événement a été marquée par la présence simultanée des trois pays maghrébins parmi les lauréats. Des huiles venues d’Algérie, du Maroc et de Tunisie figurent dans les catégories « fruité vert délicat » et « petits producteurs ». Même sans rafler le podium face à l’Espagne, leur présence régulière confirme une montée en gamme structurelle et durable de la région.

Le Global Olive Oil Awards de Berlin a publié le 31 mai quatre-vingt-seize pour cent de son palmarès, révélant déjà plusieurs échantillons tunisiens et marocains distingués dans les catégories « High Polyphenols » et « Infused ». Ces premiers résultats laissent présager un palmarès final particulièrement favorable aux producteurs maghrébins, en attendant la liste définitive prévue fin juin.

Algérie : une percée stratégique sur le marché américain

Bien que n’ayant pas encore inscrit un palmarès retentissant au NYIOOC, les huiliers algériens se sont brillamment illustrés à l’USIOOC Miami le 25 mai avec plusieurs médailles obtenues. Cette performance constitue un signal encourageant pour un pays qui modernise rapidement ses infrastructures de production et cherche à diversifier ses débouchés à l’international.

L’analyse de ces résultats révèle quatre tendances majeures qui caractérisent l’évolution de l’oléiculture maghrébine. Premièrement, on observe une stratégie privilégiant la qualité au volume, illustrée par la Tunisie qui compense une récolte 2024-2025 modeste par un taux de réussite supérieur à soixante-cinq pour cent au NYIOOC, fruit d’un investissement continu dans les moulins deux-phases.

Deuxièmement, la valorisation des souchtraditionnelles s’impose comme un atout distinctif. Le Chetoui tunisien et la Picholine marocaine trustent les récompenses, démontrant que les variétés locales rivalisent désormais avec les stars internationales de l’oléiculture.

Troisièmement, la diversification des profils sensoriels devient une spécialité régionale. L’infusion d’agrumes au Maroc et le co-milling d’herbes en Tunisie séduisent les jurys internationaux, à condition que la base reste un extra-vierge premium irréprochable.

Enfin, on assiste à l’émergence d’une véritable diplomatie de la bouteille. L’Algérie mise stratégiquement sur les concours américains pour accélérer son accès au marché outre-Atlantique, tandis que le Maroc multiplie les références biologiques ciblant spécifiquement l’Union européenne.

Un positionnement durable sur l’échiquier mondial

Le 30 mai restera dans les annales comme le jour où la Tunisie a totalisé douze prix au NYIOOC, établissant un record depuis 2019. Le 22 mai marque quant à lui une première historique avec les trois pays maghrébins figurant simultanément au Mario Solinas, une performance inédite depuis cinq ans. Enfin, le 31 mai, Berlin GOOA confirme la tendance « polyphénols » et donne déjà un avant-goût prometteur du palmarès final.

En définitive, le Maghreb n’est plus un outsider sur la scène oléicole internationale. La région s’installe comme un acteur régulier des concours majeurs, portée par des domaines familiaux qui combinent harmonieusement terroir ancestral et technologies de pointe. Cette évolution témoigne d’une professionnalisation accrue du secteur et d’une ambition qualitative assumée.

La prochaine étape se jouera à TerraOlivo à Jérusalem mi-juin, où les huiles d’Ourika, de Sfax et des Aurès comptent bien transformer l’essai et confirmer cette dynamique ascendante. Ces résultats préfigurent une saison 2025-2026 qui pourrait bien consacrer définitivement le Maghreb comme l’une des nouvelles terres promises de l’huile d’olive d’exception.

Idriss K. Sow Illustration d'après photo
Journaliste-essayiste mauritano-guinéen, il parcourt depuis une décennie les capitales et les villages d’Afrique pour chroniquer, en français, les réalités politiques, culturelles et sociales de l'Afrique
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