CEDEAO : la fin des taxes aériennes dès 2026, une révolution pour la mobilité en Afrique de l’Ouest


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Avion nigérian
Un avion de la compagnie nationale nigériane

À compter du 1er janvier 2026, les voyageurs circulant dans l’espace de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) devraient profiter d’une baisse notable du coût des billets d’avion. Les dirigeants ouest-africains ont validé une réforme d’envergure qui prévoit la suppression des taxes sur le transport aérien ainsi qu’une réduction significative des redevances appliquées aux passagers. Cette décision pourrait transformer en profondeur la mobilité régionale, longtemps freinée par des tarifs particulièrement élevés.

Une réforme historique pour un ciel ouest-africain plus accessible

Lors de leur dernier sommet, les chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO ont adopté un Acte additionnel sur les redevances, taxes et frais aéronautiques afin de poser les bases d’une nouvelle tarification harmonisée. Cette réforme introduit deux grands changements. D’une part, elle met fin à toutes les taxes sur le transport aérien au sein de la communauté. D’autre part, elle impose une réduction de 25% des redevances de sécurité et des frais passagers.

L’objectif est de rendre le transport aérien plus abordable dans une région où voyager en avion reste hors de portée pour de nombreux citoyens. La baisse des coûts doit permettre d’encourager le tourisme régional, de favoriser les échanges commerciaux et de faciliter la libre circulation des personnes et des biens, qui constituent des piliers essentiels de l’intégration ouest-africaine.

Répondre à des années de critiques sur les prix des billets

Depuis longtemps, les billets d’avion en Afrique de l’Ouest comptent parmi les plus chers du continent. Cette situation s’explique par l’accumulation de taxes imposées par les États, des redevances aéroportuaires parmi les plus élevées et une concurrence encore limitée entre compagnies. Dans certaines capitales, les taxes représentent jusqu’à 40% du prix final d’un billet, une proportion qui décourage de nombreux voyageurs et freine le développement du trafic intra-régional.

La réforme adoptée par la CEDEAO vise à mettre fin à cette dynamique. Elle s’inscrit dans une stratégie de long terme qui cherche à rapprocher les marchés, fluidifier les déplacements et renforcer l’intégration des économies ouest-africaines. Pour s’assurer que la décision ne reste pas théorique, la CEDEAO prévoit de mettre en place un Mécanisme régional de surveillance économique du transport aérien.

Un système de surveillance pour garantir l’application de la réforme

Cette structure sera chargée de contrôler l’application des nouvelles dispositions, de suivre l’évolution des tarifs, d’évaluer leur impact sur la fréquentation et la compétitivité des compagnies et de recommander des ajustements si nécessaire. Cette démarche vise à garantir une mise en œuvre transparente et efficace, de manière à ce que les voyageurs bénéficient réellement de la baisse des coûts annoncée.

La décision prise par la CEDEAO s’inscrit dans une tendance observée ailleurs en Afrique. Au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est, des discussions ont été lancées pour harmoniser les taxes aéroportuaires afin de favoriser la circulation régionale. Le Rwanda et l’Ouganda ont déjà supprimé certaines taxes sur les vols intra-africains, ce qui a contribué à dynamiser le trafic dans cette partie du continent.

Vers une nouvelle dynamique économique en Afrique de l’Ouest

La démarche rappelle également le projet du Marché unique du transport aérien africain, lancé par l’Union africaine pour libéraliser le ciel africain. Bien que son application reste inégale, la décision ouest-africaine pourrait devenir un modèle de mise en œuvre concrète. Dans le sud du continent, l’Afrique du Sud et le Botswana ont réduit les frais d’atterrissage pour accroître l’attractivité de leurs aéroports, une mesure qui a rapidement entraîné une hausse du nombre de passagers.

Les autorités régionales espèrent que la suppression des taxes et la baisse des redevances se traduiront par une diminution durable des prix des billets. Elles ambitionnent également d’attirer de nouveaux opérateurs, de renforcer le tourisme intra-africain et d’améliorer les échanges commerciaux. À plus long terme, cette réforme devrait favoriser une intégration économique plus poussée dans un espace où le transport aérien joue un rôle important en raison des infrastructures routières et ferroviaires insuffisantes.

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