
Déjà installés parmi les seize meilleures équipes de la CAN au Maroc, les Lions de la Teranga abordent leur dernier match de groupe dans une situation singulière. Qualifié sans attendre l’ultime verdict, le Sénégal joue désormais avec un double enjeu : confirmer son statut de favori et éviter un scénario défavorable pour la suite de la compétition. Dans les rues, les ateliers et les transports, cette avance au classement alimente débats et attentes, entre satisfaction légitime et exigence d’un parcours maîtrisé jusqu’au bout. Mais aussi craintes du Bénin.
À la veille du dernier match de poule face au Bénin, le Sénégal respire déjà. Grâce aux résultats enregistrés dans les groupes A et B, les Lions de la Teranga sont assurés de disputer les huitièmes de finale de la CAN 2025, quelle que soit l’issue de la rencontre. Une qualification anticipée qui suscite commentaires, analyses et espoirs chez les Sénégalais, tous horizons confondus.
A Dakar,
Dans son atelier, Mamadou, tailleur de profession, suit la compétition entre deux clients. Pour lui, cette qualification avant même de jouer est une bonne nouvelle. « Ça enlève un poids. On sait que l’équipe est déjà qualifiée, donc les joueurs peuvent jouer plus sereinement. Mais attention, le Sénégal ne doit jamais se contenter du minimum. On est champions d’Afrique, on doit viser la première place du groupe », insiste-t-il, tout en rappelant que « les matchs faciles n’existent pas à la CAN ».
Même prudence du côté de Awa, enseignante au secondaire, qui voit dans cette situation un avantage psychologique. « Les mathématiques du règlement nous sont favorables, c’est clair. Avec quatre points, même une défaite ne nous élimine pas. Mais le football ne se joue pas sur le papier. Ce match contre le Bénin doit servir à envoyer un message fort aux autres équipes », analyse-t-elle, convaincue que la gestion du groupe sera déterminante pour la suite.
« Quand le Sénégal gagne, tout le monde est uni »
Pour Ibrahima, chauffeur de taxi, la discussion revient souvent avec les passagers. « Tout le monde en parle dans la voiture », sourit-il. « Les gens sont contents d’être qualifiés, mais ils ont aussi peur de finir troisièmes et de tomber sur un gros morceau en huitièmes. Moi, je préfère qu’on gagne contre le Bénin et qu’on termine premiers. Comme ça, on avance avec plus de respect de la part des autres ». Il souligne également la motivation de l’adversaire : « Le Bénin va jouer libéré, c’est dangereux ».
Du côté de Fatou, vendeuse de fruits et légumes, l’optimisme domine. « Cette équipe m’inspire confiance », affirme-t-elle. « Même quand la pression baisse, les Lions savent se réveiller. Le fait d’être déjà qualifiés, c’est bien, mais je pense que les joueurs ont faim de victoires. Ils savent que le peuple attend plus qu’une simple qualification ». Pour elle, cette CAN est aussi une question de fierté nationale : « Quand le Sénégal gagne, tout le monde est uni ».
Le Bénin, « une équipe prête à tout pour changer de statut »
De son côté, Cheikh, étudiant en sciences économiques, regarde la situation avec un œil plus stratégique. « La configuration actuelle montre que le Sénégal a bien négocié ses deux premiers matchs », explique-t-il. « Être premier du groupe D reste primordial, car cela peut offrir un parcours un peu moins compliqué en huitièmes. Mais cette CAN nous a déjà montré que les soi-disant petits peuvent surprendre ». Il évoque aussi le Bénin, « une équipe en quête de reconnaissance, prête à tout pour changer de statut ».
Si la qualification est acquise, les ambitions, elles, restent intactes. Face à un Bénin également libéré et motivé, les Lions de la Teranga devront trouver le juste équilibre entre gestion et performance. Car au-delà des calculs et des scénarios, une certitude demeure chez tous les Sénégalais interrogés : pour espérer aller loin, il faudra continuer à gagner. Les Lions vont-ils vaincre les Guépards ? Réponse dans moins de 90 minutes !



