
L’ouverture de la billetterie pour la Coupe d’Afrique des Nations 2025 au Maroc a tourné au cauchemar technique, obligeant la CAF à reporter la vente. Cette échec soulève des questions sur la capacité organisationnelle de l’événement continental le plus attendu.
Le jeudi 25 septembre 2025 restera dans les annales comme l’un des ratés les plus spectaculaires de l’histoire récente du football africain. À 12h précises (heure marocaine), la Confédération africaine de football (CAF) et le Comité local d’organisation (LOC) lançaient en grande pompe la première phase de prévente des billets pour la CAN 2025, exclusivement réservée aux détenteurs de cartes Visa, partenaire officiel de l’évènement.
L’enthousiasme était palpable : des milliers de supporters africains, connectés depuis les quatre coins du continent et d’ailleurs, se ruaient sur la plateforme tickets.cafonline.com. Mais dès l’ouverture, le rêve s’est transformé en cauchemar numérique.
La plateforme, submergée par un afflux massif de connexions simultanées, s’effondrait littéralement. Files d’attente interminables, pages qui ne se chargeaient pas, transactions avortées, messages d’erreur en cascade : aucun supporter au monde n’a réussi à acquérir le moindre billet lors de cette première journée censée marquer le début officiel de la commercialisation.
Les réseaux sociaux en ébullition
Sur Twitter (X), la colère des supporters s’exprimait sans filtre. « 3h que la billetterie de la CAN est ouverte, personne dans le monde entier n’a réussi à avoir de places, site défaillant et une liste d’attente qui n’avance pas. On félicite la CAF pour leur énième défaillance d’organisation. 50 ans de retard dans tous les domaines« , fustigeait un internaute, résumant l’exaspération générale.
D’autres supporters parlaient carrément de « catastrophe » et de « farce« , dénonçant l’amateurisme supposé d’une organisation qui devait pourtant avoir tiré les leçons des éditions précédentes. Les termes employés étaient sans appel : « fiasco« , « couac technique majeur« , « humiliation« .
Cette avalanche de critiques témoigne d’une défiance croissante envers la capacité de la CAF à organiser des événements d’envergure internationale avec le professionnalisme requis.
Un report précipité aux explications floues
Face à l’ampleur du désastre, la CAF n’a eu d’autre choix que de capituler. Dans un communiqué laconique publié dans l’après-midi du 25 septembre, l’instance dirigeante du football africain annonçait le report sine die de cette première phase de vente.
Dans son communiqué, « La Confédération africaine de football a décidé de reporter l’ouverture de la première phase de vente des billets pour la Coupe d’Afrique des Nations 2025 afin de finaliser d’importants détails qui garantiront la meilleure expérience possible aux supporters« , indique le communiqué, formulé dans un langage diplomatique qui masque mal l’ampleur du problème.
Tout en présentant ses excuses aux supporters frustrés, la CAF affirme travailler « en collaboration avec le Comité d’organisation local ainsi qu’avec différents partenaires » pour annoncer « en temps voulu une nouvelle date« . Mais aucune explication technique précise n’était fournie, ni aucun calendrier de rattrapage affiché trois jours plus tard.
Qui sont les responsables de ce fiasco ?
La Confédération africaine de football, dirigée par Patrice Motsepe, porte la responsabilité première de ce dysfonctionnement. En tant qu’organisatrice officielle de la compétition, elle avait la charge de mettre en place une infrastructure technique capable de supporter la demande massive qui était évidemment prévisible.
Ce n’est malheureusement pas la première fois que la CAF fait face à des problèmes organisationnels majeurs. L’instance a déjà été critiquée par le passé pour ses défaillances dans la gestion d’événements continentaux, révélant une culture organisationnelle qui semble pâtir d’un manque de professionnalisme et d’anticipation.
Le Comité local d’organisation : Une préparation insuffisante
Le LOC marocain, co-responsable de l’événement, n’échappe pas aux critiques. Malgré l’expérience du Maroc en matière d’organisation d’événements sportifs majeurs, le pays semble avoir sous-estimé les défis techniques liés à une billetterie en ligne de cette ampleur.
La coordination entre les équipes techniques marocaines et les systèmes de la CAF semble avoir fait défaut, suggérant des problèmes de communication et de planification en amont.
Enfin, les prestataires techniques responsables de la plateforme tickets.cafonline.com portent également une lourde responsabilité. Il est incompréhensible qu’en 2025, avec les technologies disponibles, une plateforme de billetterie ne soit pas dimensionnée pour absorber la charge prévisible d’un événement de cette envergure.
Cette défaillance révèle soit une analyse insuffisante des besoins, soit des économies de bout de chandelle sur l’infrastructure technique, soit une incompétence pure et simple dans la gestion de la montée en charge. Dans tous les cas, ela n’est pas acceptable.
Les enjeux économiques et d’image
Ce fiasco ne sera pas sans conséquences financières. D’abord, le retard dans la commercialisation des billets retarde d’autant les rentrées financières pour les organisateurs. Dans un contexte où le financement des compétitions africaines reste fragile, chaque jour de retard compte.
Ensuite, la perte de confiance des supporters pourrait se traduire par une baisse de la demande lors de la réouverture de la billetterie, certains fans préférant peut-être attendre des signaux plus rassurants sur la fiabilité du système. La crainte de réaliser un paiement sans obtenir son billet existe désormais.
Plus grave encore est l’impact sur l’image du football africain. À moins de trois mois du coup d’envoi de la compétition, ce type de dysfonctionnement renvoie une image d’amateurisme qui nuit à la crédibilité du continent dans l’organisation d’événements sportifs majeurs.
Cette situation est d’autant plus dommageable que le Maroc candidate activement pour l’organisation de grands événements internationaux, notamment en vue de la Coupe du monde 2030 qu’il co-organisera avec l’Espagne et le Portugal.