CAN 2025 : Abdelli, sélectionné tard mais déjà indispensable à l’Algérie


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Himad Abdelli
Himad Abdelli

Sélectionné à la dernière minute pour la CAN, Himad Abdelli n’a rien d’un invité de dernière heure. Son parcours, son attitude et son état d’esprit font de lui un symbole rare : celui d’un joueur qui incarne l’équipe avant même d’en revêtir le maillot.

Il y a des joueurs qui entrent en sélection par la grande porte. D’autres qui s’y glissent par une fenêtre, à la faveur d’un forfait, d’un contretemps, d’un calendrier qui se déplie. Himad Abdelli, lui, arrive à la CAN avec un détail qui pèse plus lourd qu’une convocation tardive : il était déjà dans l’équipe avant d’y être.

Un absent qui n’a jamais cessé d’y croire

Quand la première liste est tombée sans son nom, la surprise a été réelle. À Angers, le meneur de jeu n’est pas un figurant. Il organise, il accélère, il met du rythme et du liant, ce rôle ingrat où l’on prend plus de coups qu’on ne ramasse de titres. Beaucoup l’imaginaient logiquement dans le groupe algérien. Mais la sélection, c’est aussi ça : une hiérarchie, des préférences, un plan, parfois une incompréhension.

Sauf qu’Abdelli n’a pas joué la partition classique du « je prends acte ». Pas de sous-entendu, pas de pique, pas de story vengeresse. Sur X, il a posté une phrase courte, droite, presque old school : « Peu importe les choix, l’équipe nationale reste au-dessus de tout. Tous derrière l’équipe. Force et Honneur. » Traduction : je suis frustré, peut-être, mais je suis d’abord un Fennec. Et ça, dans le football moderne, ça s’entend comme un bruit rare.

À la CAN, le mental n’est pas une option. C’est une matière première. Le tournoi t’oblige à vivre dans le bruit, la pression, les attentes démesurées, les débats de salon et les jugements au sifflet. Le moindre match se transforme en referendum. La moindre défaite peut fissurer un vestiaire. Dans ce contexte, un joueur qui arrive sans revendication, sans compte à régler, avec l’esprit du supporter, c’est un cadeau discret mais bienvenue pour un sélectionneur.

Puis il y a eu le rebond, cruel et banal : une blessure, un forfait, et le téléphone qui sonne. Abdelli est appelé. La CAN commence souvent comme ça, par un concours de circonstances. Mais sa convocation n’a rien d’un simple remplaçant. Elle ressemble à une récompense morale, presque à une logique interne : tu restes aligné, tu gardes le cap, et quand la porte s’ouvre, tu ne débarques pas en touriste. Tu débarques en homme prêt.

Le renfort moral devenu atout technique

Sur le terrain, l’apport est clair. Abdelli sait jouer entre les lignes, sentir le tempo, se rendre disponible quand le match se durcit. Il peut apporter une qualité de passe, un changement de rythme, une capacité à faire respirer une équipe quand elle s’étouffe. Mais ce qui plaît aux supporters, au fond, c’est autre chose : l’assurance d’avoir dans le groupe quelqu’un qui vit cette aventure comme eux. Qui connaît la tribune parce qu’il en a gardé l’état d’esprit.

Il ne faut pas en faire un talisman. La CAN n’offre pas de raccourcis. Mais dans une compétition où l’on gagne aussi avec des hommes, pas seulement avec des schémas, Abdelli coche une case précieuse : celle du joueur qui ne confond pas sélection et récompense personnelle. Il n’était pas sur la liste, mais il était déjà derrière l’équipe. Aujourd’hui, il y entre officiellement. Pour l’Algérie, c’est une option de plus. Pour les supporters, c’est surtout un signe : celui d’un gars qui portera le maillot sans calcul, avec la foi et les tripes.

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