Cameroun : un an après les émeutes de la faim, rien n’a changé


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Un an après les « émeutes de la faim », la vie reste chère au Cameroun. Du 23 au 29 février 2008, le pays s’embrasait. Afrik.com revient sur cette période où tout a failli basculer.

Notre correspondante au Cameroun

Des promesses ont été faites par les dirigeants pour améliorer les conditions de vie des Camerounais. Mais un an après les émeutes de la faim de février 2008, rien n’a véritablement changé. Le prix des produits de consommation va d’ailleurs croissant. Une flambée des prix fait rage dans l’ensemble des marchés du pays.

Une amélioration à peine perceptible

Le Camerounais moyen ne consomme de la viande de bœuf qu’une fois par mois, après le paiement des salaires. Le kilo de ce produit est passé de 2200 Fcfa à 2800 Fcfa. Le lait en poudre ou liquide est devenu un produit de luxe. La boite de 400g est passée de 1600 Fcfa à 2200 Fcfa, soit une augmentation de 600 Fcfa.

Il y a un mois, le gouvernement du Cameroun a signé plusieurs protocoles d’accord avec des partenaires économiques et la société civile dans le but de stopper ou de ralentir la flambée des prix. Ainsi, les prix de certains produits de première nécessité ont été revus à la baisse. Il s’agit du riz, du poisson et autres vivres frais. Les baisses de prix vont de 5 à 25% selon le produit. Cependant, cette volonté du gouvernement d’améliorer les conditions de vie donne des résultats à peine perceptibles, à cause de nombreux problèmes tels ceux de l’emploi et du logement. Ainsi, un an après les émeutes de la faim, les problèmes qui sous-tendaient la crise demeurent.

Flash back

En février 2008, les Camerounais exprimaient leur ras-le-bol face à tous les problèmes qui se posaient avec de plus en plus d’acuité : la vie chère, la hausse du prix du carburant à la pompe, mais aussi la révision de la constitution qui donnait la possibilité au président Biya de se représenter aux élections présidentielles de 2011 et, pour finir, l’interdiction d’une manifestation du parti d’opposition Social Democratic Front (Sdf).

Il y a un an, les Camerounais ont faim. Les jeunes sont sans emploi. Ils ne trouvent plus d’issue. Ils le disent au gouvernement par la violence. Et pour la première fois devant à la violence et face aux revendications des populations venues manifester à l’entrée du Palais présidentiel, Paul Biya fait une déclaration médiatique dans laquelle il traite des personnes dont il ne dit pas les noms « d’apprentis sorciers ».

Le bilan des émeutes est lourd. On indique des pertes matérielles et en vie humaines, environ 40 morts pour le gouvernement, 139 pour l’Observatoire national de défense des droits de l’homme. En une semaine 38 villes du Cameroun s’embrasent. Les visages de Yaoundéet de Douala changent complètement. Des roues de voitures sont incendiées et jetées sur la chaussée. Des chars de guerre, des morts jonchent les rues, des personnes sont arrêtées ça et là…

Tout est parti d’une manifestation contre la vie chère organisée par le « Social Democratic Front », réprimée par les forces de l’ordre. A la suite de cette altercation, deux jeunes manifestants sont abattus à bout portant par les forces de l’ordre. Deux jours plus tard, les transporteurs lancent un mot d’ordre de grève pour protester contre la hausse du prix du carburant à la pompe. Les manifestants occupent à nouveau les rues et le mouvement s’embrase dans les plus grandes villes du pays. L’on assiste à un lundi noir. On enregistre des morts, des blessés et de nombreux dégâts matériels.

Paul Biya sort alors de sa réserve et annonce que « les moyens légaux dont dispose le gouvernement seront mis en œuvre pour que force reste à la loi », après avoir fustigé « l’instrumentalisation » et « l’exploitation de la grève des transporteurs ». La grève prend fin après le discours du président camerounais. Mais les observateurs et analystes politiques estiment tous que la sortie du président Biya n’est pas à l’origine de la fin de la grève, et que le feu couve encore.

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