Cameroun : sabotages répétés sur la ligne ferroviaire Douala-Yaoundé avant la rentrée scolaire


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train Camrail
train Camrail

À une semaine de la rentrée scolaire, les actes de sabotage se multiplient sur l’unique ligne ferroviaire reliant Douala à Yaoundé. Ces incidents, souvent motivés par des revendications sociales, perturbent gravement un mode de transport essentiel pour la population camerounaise et révèlent les tensions entre les communautés locales et la compagnie CAMRAIL.

À une semaine de la rentrée scolaire au Cameroun, le retour de vacances et les voyages entre les grandes villes de Douala et Yaoundé deviennent de plus en plus compliqués. Face aux travaux de réhabilitation routière et surtout au très mauvais état des routes, de nombreux voyageurs optent pour le transport ferroviaire. Malgré le fait qu’il soit le seul mode de transport accessible financièrement à la majorité des Camerounais par rapport au voyage en avion, les voies ferrées subissent également leur lot de malheurs au Cameroun.

Une recrudescence des actes de vandalisme depuis 2021

Depuis 2021, le nombre d’actes de vandalisme ne cesse de croître sur la voie ferroviaire camerounaise. Actions sur les robinets d’arrêt, jets de projectiles, obstacles posés sur la voie, sabotage des installations et cambriolages constituent les atteintes fréquentes au rail camerounais.

À titre d’illustration, ce lundi 1er septembre 2025, le TRANSCAM Express qui a quitté la gare de Bessengue dans la ville de Douala à 6h30 à destination de Yaoundé, où il devait arriver en gare à 11h30 précises, s’est vu contraint à un arrêt forcé à cause d’un sabotage des rails dans la localité de So Dibanga.

La locomotive, ayant à son bord des fonctionnaires, des vacanciers, des étudiants et des hommes d’affaires devant rejoindre la capitale pour reprendre leurs activités et, pour la majorité, retrouver leurs familles afin de préparer la rentrée scolaire, s’est vue imposer un arrêt de près de quatre heures.

Des motivations diverses derrière les sabotages

Selon les témoignages des riverains, des jeunes auraient sectionné les rails à un endroit stratégique du passage du Transcam ce matin afin de mettre en difficulté CAMRAIL, la société en charge du transport ferroviaire au Cameroun. Ces derniers estiment que l’entreprise leur doit des arriérés de salaire et n’ont trouvé que ce moyen pour attirer l’attention de leur syndicat, qui ne semble pas œuvrer pour que leur situation s’améliore, ainsi que des autorités ferroviaires du Cameroun.

Pour d’autres observateurs, il s’agit d’un « jeu » auquel se livrent souvent les populations locales lorsqu’elles veulent formuler des revendications. Les rails auraient donc été vandalisés tout simplement pour demander un apport financier et matériel à l’approche de la rentrée scolaire à la société ferroviaire camerounaise CAMRAIL. Ce serait une sorte de contrat tacite passé entre les populations villageoises des zones éloignées où passe la ligne ferroviaire et la société ferroviaire, cette dernière venant traditionnellement en aide aux populations pour la rentrée scolaire et certains autres événements importants.

Marguerite N., une commerçante interrogée au niveau de la gare, témoigne : « Depuis un mois, on a écrit à CAMRAIL, ils n’ont pas réagi. La rentrée, c’est lundi, et beaucoup de nos enfants n’ont pas encore de cahiers ni même de sacs pour se rendre à l’école. Ils savent bien que nous attendons cela, le chef du village est au courant. »

Des solutions temporaires face à un problème structurel

Au moment où le train reprenait son chemin lundi après trois heures d’arrêt forcé, ces revendications ont simplement été « entendues » et seront « transmises à la hiérarchie« .
Il faut rappeler qu’il n’existe qu’une seule ligne pour desservir les villes de Douala et Yaoundé. Le train qui démarre à 6h30 de Douala est le même qui, à 17h, ramène des passagers venant de Yaoundé.

Ces actes à répétition sont préoccupants car leurs impacts sur la vie quotidienne, les infrastructures et l’économie sont considérables. Il convient de souligner que ces incidents surviennent à la veille d’une élection présidentielle aux enjeux énormes, dans un contexte où la mobilité des populations constitue un défi majeur pour le développement du pays.

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Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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