
Un enfant devrait se sentir à l’aise partout où il vit. Est-ce mal réfléchi d’envoyer son enfant chez un membre de la famille ? Qu’observe-t-on ces dernières années dans notre pays ? Une bavure commise par un enfant, qu’il soit le vôtre ou pas, aussi grave qu’elle soit, pousserait-elle le parent ou le tuteur à le maltraiter/torturer ? Tenez, deux fillettes, dans deux familles différentes, habitant chez leurs tantes, pour avoir dérobé moins de 500 fcfa, viennent de se voir infligées des traitements inhumains (enfermer dans une chambre, priver de nourriture, bailler, enchainer, poser le fer à repasser chaud aux fesses, bastonnade, écraser le piment et le frotter aux parties intimes, fouetter avec le tuyau à gaz, courant électrique, gourdin).
C’est grâce à la dénonciation auprès des forces de maintien de l’ordre du Cameroun qu’elles ont été libérées, puis conduit dans les centres de santé. Et les auteurs, de leur côté, répondent de leurs actes devant la justice.
Pour le patriarche Jacques K., « à notre époque, les enfants étaient aussi têtus. Mais, en aucun jour, un parent ou un tuteur n’avait osé infliger un mauvais traitement à cet enfant. Nous procédions beaucoup plus par les conseils, le dialogue. Alors, du haut de mes 80 ans, ce que j’entends à la radio, je lis dans les journaux ou je vois dans nos chaînes de télévision, me pousse à me demander : pourquoi en est-on arrivé à ce niveau ? A-t-on encore la crainte de Dieu ? Que profite-t-on en se comportant de la sorte ? Est-ce par excès de pauvreté ?
« Ce que les auteurs de ces actes ignobles ignorent est qu’ils sont en train d’inculquer une très mauvaise doctrine à leurs enfants. Ces derniers seront des « cailloux » mis dans les chaussures d’abord de leur pays et ensuite des autres. Ainsi donc, ils ne seront acceptés nulle part », ajoute-t-il.
Poser les bonnes questions
« Mettre les auteurs de ces actes de maltraitance en tôle, pour ma part, n’est pas la seule solution. Il faut chercher à savoir les causes réelles. Sans aller loin, je pointe un doigt accusateur à nos dirigeants, qui ne font pas assez d’efforts pour améliorer les conditions de vie des populations. Déjà que les budgets alloués au ministère de la femme et de la famille et au ministère des affaires sociales ne sont pas du tout consistants. Même si les responsables de ces deux départements ministériels avaient la bonne volonté d’intervenir, il leur serait très difficile de le faire. Je ne vois pas un parent, qui a une tête tranquille, je veux dire, qui a un revenu acceptable, poser de pareils actes. De l’autre côté, je ne vois pas un enfant, qui a presque tout à sa disposition, exceller dans la bêtise », déclare le camionneur Basile G..
« Pour solutionner ce phénomène déjà récurrent dans notre cher et beau pays, posons-nous de bonnes questions ! Ce n’est que par-là que viendra le salut !», conclut-il. « Constat bien mené, 99% des cas de maltraitance des enfants et même des femmes enregistrés dans notre pays, proviennent des familles à revenu très réduit. Dans ces familles, si les membres ne sont pas attachés à l’église, il y règne de la violence », indique la diaconesse Sophie Basseck.
La nature a horreur du vide
« Lorsqu’un parent passe des nuits blanches en se posant des questions suivantes : demain, c’est la rentrée scolaire, comment vais-je faire pour que mes enfants aillent aussi à l’école ? Qu’allons-nous manger demain ? Comment m’y prendre en cas de maladie d’un membre de ma famille ? Comment faire pour que mes enfants diplômés, puissent aussi s’insérer dans la vie active ? Comment faire pour sortir de la pauvreté ? Que doit-on faire, lorsqu’on n’a pas la paix du cœur ? », s’interroge l’étudiante Danielle O..
« La nature ayant horreur du vide, j’ai comme l’impression qu’en pareille situation, la colère, la tristesse, tout vous énerve, l’esprit de vengeance, etc, ne peuvent que s’installer, même contre votre gré. Alors, retenons que la vie n’est belle que, si on partage avec les autres, on prend soin de son prochain, on ne violente pas un être semblable à soi », ajoute-t-elle.