
Après 28 ans d’alliance avec Paul Biya, Bello Bouba Maïgari prend son indépendance et se lance dans la présidentielle de 2025. Porté par la pression de sa base militante et décidé à peser dans l’après-Biya, le leader de l’UNDP ouvre une nouvelle page politique dans un Cameroun en pleine recomposition.
Bello Bouba Maïgari, figure historique du régime de Paul Biya et président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), a officialisé, le 28 juin, sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025. À 78 ans, ce vétéran de la scène politique, ancien Premier ministre et ministre d’État en charge du Tourisme, met ainsi fin à une alliance de plus de deux décennies avec le RDPC, le parti au pouvoir. Une rupture qui témoigne de l’effritement progressif du consensus autour du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
Une pression de la base militante de l’UNDP
La candidature de Bello Bouba Maïgari ne relève pas d’un simple calcul personnel : elle est le fruit d’une pression croissante des militants de l’UNDP, désireux de voir leur parti renouer avec l’ambition présidentielle. Face à une gouvernance décriée, corruption, injustice, absence de réformes, la base exigeait une alternative crédible. Lors d’une réunion extraordinaire à Yaoundé, le comité central a entériné la décision, que Bello Bouba a confirmée devant la presse. C’est un signal fort de repositionnement pour un parti longtemps englué dans une alliance gouvernementale de façade.
La candidature de Bello Bouba intervient dans un contexte de bouillonnement politique dans le septentrion camerounais. Quelques jours plus tôt, un autre ancien ministre, Issa Tchiroma Bakary, annonçait lui aussi sa candidature. Ces deux poids lourds originaires du Nord, qui représente environ 40 % de l’électorat national, pourraient redessiner l’équilibre électoral d’une région traditionnellement acquise au RDPC. La fragmentation de cet électorat constitue une menace directe pour le pouvoir en place, d’autant que Paul Biya n’a toujours pas clarifié ses intentions pour 2025.
Un retour au premier plan après des années d’effacement
Candidat malheureux en 1992, où il s’était classé troisième derrière Paul Biya et John Fru Ndi, Bello Bouba Maïgari avait ensuite intégré la majorité présidentielle en 1997, privilégiant une posture de loyaliste modéré. Depuis, il a traversé les décennies sans faire de vagues, occupant différents postes ministériels. Son retour aujourd’hui dans l’arène électorale marque un revirement stratégique dans un contexte où la succession de Biya devient inévitable et où le jeu politique s’ouvre à de nouvelles dynamiques.
Avec Bello Bouba Maïgari, la liste des candidats à la présidentielle s’allonge. Il rejoint des figures déjà en lice telles que Maurice Kamto, Cabral Libii, Joshua Osih et Serge Espoir Matomba. Cette diversité, ajoutée aux incertitudes sur la candidature de Paul Biya, annonce une élection charnière pour le Cameroun. Le départ d’un fidèle de la première heure comme Bello Bouba pourrait précipiter d’autres défections et accélérer l’effondrement du système autour du président sortant.