Burkina Faso : trois ans après le putsch, la guerre contre le terrorisme s’éternise


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Ibrahim Traoré, président de la Transition du Burkina Faso
Ibrahim Traoré, président de la Transition du Burkina Faso

Trois ans après son putsch, Ibrahim Traoré peine à tenir sa promesse de ramener la sécurité au Burkina Faso. Malgré l’engagement des VDP et le renforcement militaire, les attaques jihadistes se multiplient et le pays détient désormais le triste record du plus touché au monde par le terrorisme. Entre justifications officielles, critiques croissantes et espoirs déçus, le capitaine reste face à un défi existentiel.

Le 30 septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré s’emparait du pouvoir au Burkina Faso, renversant le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, lui-même arrivé quelques mois plus tôt par les armes. Trois ans plus tard, le bilan sécuritaire reste dramatique : malgré un renforcement militaire et une rhétorique de résistance nationale, le terrorisme continue de frapper durement le pays.

Une promesse non tenue

À son arrivée à la tête de l’État, Ibrahim Traoré avait promis de rétablir la sécurité en trois mois, mettant en avant la détermination de l’armée et l’engagement des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Trois ans plus tard, cette promesse apparaît comme un aveu de naïveté ou d’optimisme excessif. Les attaques jihadistes se poursuivent et, selon l’ONG Acled, les victimes liées au conflit ont plus que doublé, passant de 6 500 en 2021 à près de 16 000 en 2024. Le Burkina Faso détient désormais le triste record du pays le plus touché par le terrorisme dans le monde.

Lors d’une récente interview accordée à la presse locale, le chef de l’État a tenté de répondre aux critiques. Il a dénoncé des « manœuvres de forces étrangères » et un « sous-équipement chronique » qui auraient ralenti l’action de ses troupes. « Nous aurions souhaité qu’on nous laisse travailler et avancer rapidement », a-t-il déclaré, accusant certains partenaires d’avoir freiné ses efforts.

Mais sur le terrain, ces explications n’effacent pas la réalité. Si l’armée a été renforcée en effectifs et en matériel, les groupes armés continuent d’occuper des portions entières du territoire, isolant des villes, attaquant des convois et multipliant les exactions contre les civils.

Un climat politique sous tension

Au-delà de la guerre, les critiques portent aussi sur le recul des libertés. Organisations syndicales, partis politiques et presse indépendante dénoncent une répression croissante. Pour Didier Ouedraogo, président du Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), « la lutte contre le terrorisme ne peut pas justifier la mise sous silence de toutes les voix discordantes ».

L’armée, de son côté, met en garde contre des « rumeurs » visant à « saper la cohésion nationale », preuve de l’inquiétude croissante au sommet de l’État face au mécontentement populaire.

Trois ans après le putsch, Ibrahim Traoré reste populaire auprès d’une partie de la jeunesse, qui voit en lui un dirigeant résolument anti-impérialiste et proche du peuple. Mais cette image se heurte au constat implacable : malgré les sacrifices et les discours, la guerre contre le terrorisme est loin d’être gagnée.

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Fidèle K est journaliste et rédactrice spécialisée, passionné par l'Afrique et ses dynamiques politiques, culturelles et sociales. A travers ses articles pour Afrik, elle met en lumière les enjeux et les réalités du continent avec précision et engagement.
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