
La Tanzanie s’enfonce dans la crise après des élections contestées marquées par des violences, un couvre-feu et une coupure totale d’Internet. À Dar es Salaam, la répression s’intensifie tandis que le gouvernement garde le silence. Le pays retient son souffle dans un climat de peur et de confusion.
La Tanzanie est plongée dans le chaos au lendemain d’élections présidentielle et législatives entachées par de violentes manifestations et une coupure d’Internet persistante. Malgré l’instauration d’un couvre-feu à Dar es Salaam, la capitale économique, les troubles se sont poursuivis, avec des manifestants scandant « Rendez-nous notre pays ! » Le gouvernement, dirigé par la présidente Samia Suluhu Hassan, garde un silence absolu, tandis que les mesures de sécurité sont renforcées et que les craintes de victimes augmentent.
Dar es Salaam sous couvre-feu et les flammes de la colère
Les élections de la veille, mercredi, ont été le théâtre d’une forte contestation, l’opposition ayant été largement écartée du scrutin. À Dar es Salaam, des centaines de manifestants, principalement de jeunes hommes, sont descendus dans les rues malgré un important dispositif sécuritaire. La police a finalement décrété un couvre-feu dès 18h00.
Cependant, la mesure n’a pas suffi à ramener le calme. Un commissariat a été incendié sur la principale avenue menant au port, et des tirs ont été entendus tard dans la nuit, selon des journalistes. Jeudi, la police et l’armée ont installé des postes de contrôle dans la ville et d’autres centres urbains. En conséquence, les écoles sont restées fermées et les fonctionnaires ont reçu l’ordre de travailler à domicile.
L’Internet coupé et la répression avant le vote
Jeudi matin, l’accès à Internet était toujours coupé dans le pays, notamment à Dar es Salaam, empêchant la circulation d’informations indépendantes sur les troubles et les résultats électoraux.
L’absence de communication gouvernementale est d’autant plus inquiétante que le scrutin a été précédé d’une vague de répression sévère. L’organisation Amnesty International a dénoncé une véritable « vague de terreur » marquée par des disparitions forcées, des arrestations arbitraires et des actes de torture. Le principal parti d’opposition, le Chadema, dont le chef Tundu Lissu est jugé pour trahison (passible de la peine capitale), a été disqualifié pour avoir refusé de signer un code électoral jugé insuffisant.
Des accusations visant l’entourage de la Présidente
La colère des manifestants semble en partie dirigée contre l’entourage de la présidente Samia Suluhu Hassan. Selon des informations en ligne, une grande partie du ressentiment vise le fils de la cheffe d’État, Abdul, qui serait à la tête d’une « force d’intervention informelle » gérant la sécurité électorale.
Cette force est accusée d’une augmentation importante des enlèvements de critiques du gouvernement dans les jours précédant le scrutin, y compris celui d’une populaire influenceuse. De plus, la présidente fait face à l’opposition de certaines factions au sein de l’armée et d’anciens alliés de son prédécesseur, feu John Magufuli, compliquant davantage la stabilité politique. Le silence du gouvernement et le contrôle des médias locaux ne font qu’alimenter l’incertitude dans l’attente des résultats électoraux.




