
Un an après l’enlèvement de Habib Marouane Camara par des hommes en uniforme à Conakry, aucune trace du journaliste n’a été retrouvée. Le silence total des autorités nourrit désormais la peur dans les rédactions et les soupçons de disparition forcée.
Le 3 décembre 2025 marque le premier anniversaire d’une disparition qui hante la presse guinéenne. Le journaliste Habib Marouane Camara, responsable du site Lerévélateur224, a été enlevé il y a un an en banlieue de Conakry par des hommes encagoulés, vêtus d’uniformes de gendarmes et de militaires. Depuis ce jour, un silence total entoure son sort. Sa famille, ses collaborateurs et ses confrères ignorent où il se trouve et s’il est en vie. Face à cette absence de nouvelles, l’inquiétude se mue en terreur au sein des rédactions.
Une promesse non tenue et un silence d’État
L’enlèvement de Habib Marouane Camara, violemment extirpé de son véhicule en pleine circulation, reste l’une des affaires les plus préoccupantes pour la liberté de la presse en Guinée. Malgré les appels incessants des organisations de la société civile, des défenseurs des droits humains et des acteurs politiques, aucune communication officielle n’a été faite sur l’avancement des investigations.
Une lueur d’espoir avait émergé lors d’une rencontre entre le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) et le Premier ministre Bah Oury. Le chef du gouvernement avait promis de vérifier si le journaliste se trouvait entre les mains des services de l’État. Il avait assuré que « ses droits et libertés seront respectés » et que son dossier sera traité conformément à la loi. Un an plus tard, cette promesse est restée lettre morte. Le silence des autorités sur l’enquête est total, alimentant les craintes d’une implication de l’État dans cette disparition forcée.
La peur et la détresse des proches
Pour l’entourage du journaliste, la situation est d’une détresse inouïe. Le secrétaire général du SPPG, Sekou Jamal Pendessa, a lancé un nouvel appel poignant aux autorités. Il a souligné que l’espoir s’amenuise et que les journalistes vivent dans la terreur. « Nous sommes terrorisés dans les rédactions », a-t-il confié.
La dimension humaine du drame est déchirante : deux de ses enfants sont nés en son absence depuis qu’il a été enlevé. Le syndicat insiste sur la nécessité de ramener le confrère à ses proches, afin que « ces enfants ne grandissent et qu’ils demandent à leur maman où se trouve papa ».
RSF dénonce un recul de la liberté de la presse
L’absence d’informations sur le sort d’Habib Marouane Camara s’inscrit dans un contexte de recul des libertés civiles en Guinée. Fin septembre, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Volker Türk, avait déjà fait état de la disparition d’au moins une dizaine de personnalités guinéennes après leur arrestation par les forces de sécurité, exigeant des éclaircissements des autorités.
Dans un communiqué, Reporters sans frontières (RSF) a fermement dénoncé le mutisme des autorités et a rappelé que la Guinée enregistre cette année le plus fort recul dans le classement mondial de la liberté de la presse.



